Cette année, plus de 4 milliards de personnes dans le monde participeront à des élections, notamment en Afrique. Toutefois, ces élections poussent parfois à une désinformation, alimentée par l'utilisation grandissante des deepfakes et de l'intelligence artificielle générative.

Le Forum économique mondial identifié dans le rapport sur les risques mondiaux 2024, la désinformation et la mésinformation générées par l'IA comme deuxième risque mondial le plus important après les conditions météorologiques extrêmes.

En effet, avec la montée rapide d'outils comme les deepfakes qui sont des vidéos ou des images fabriquées très réalistes, peuvent tromper les électeurs, manipuler l'opinion publique et ternir la réputation des partis politiques et des politiciens, activés par l'IA générative. 

«La qualité des deepfakes s'est considérablement améliorée au cours de la dernière année, les rendant plus convaincants et difficiles à identifier. Dans un incident notable d'octobre dernier, des cybercriminels ont utilisé des vidéos deepfake pour se faire passer pour le président de la Commission de l'Union africaine Moussa Faki Mahamat lors de conversations en ligne avec des diplomates européens. De même, en décembre, Facebook a supprimé plus de 100 publicités deepfake payantes mettant en vedette le premier ministre britannique Rishi Sunak après que près d'un demi-million de personnes les ont vues », a indiqué Anna Collard, vice-présidente de la stratégie de contenu et évangéliste chez KnowBe4 AFRICA, une organisation de formation en cybersécurité, ajoutant que « les deepfakes posent des risques majeurs à l'approche des élections, au Royaume-Uni comme en Afrique du Sud ».

Selon Collard, « les électeurs doivent être conscients de ce risque et prendre des mesures proactives pour en atténuer l'impact ».

Lutter contre les deepfakes en sensibilisant le public

La première étape pour lutter contre l'impact de la désinformation grâce aux deepfakes est de sensibiliser le public.

Selon Collard, « il est crucial que le public soit conscient de l'existence de ce phénomène », ajoutant : « la production de vidéos et d'images deepfake est bon marché et facile ».

Une vérification s’impose

Pour contrer le risque des deepfakes, la Commission électorale indépendante (IEC), en collaboration avec Media Monitoring Africa, a lancé une initiative appelée Padre.

Elle permet aux électeurs de vérifier les informations concernant les partis politiques sud-africains et leurs déclarations récentes.

La recherche d'images inversées de Google est un autre outil utile qui vous permet de vérifier si une image en ligne a été utilisée ailleurs.

De plus, FotoForensics fournit une analyse plus approfondie des images. Cependant, malgré ces outils, la vérification des informations reste un défi.

«Les deepfakes deviennent plus convaincants, ce qui rend la vérification des informations encore plus difficile», a déclaré à ce sujet Anna Collard.

Savoir et apprendre à réagir

«Les escrocs veulent attiser vos émotions et vous mettre dans un état où vous êtes incapables de penser rationnellement », a indiqué Collard, ajoutant qu’il faut rester calme et ne pas partager de contenu trop émotionnel.

«Chaque fois que vos émotions sont déclenchées, ralentissez et vérifiez s’il pourrait s'agir d'un canular», précise Collard, qui estime également qu'il est de la responsabilité de chaque électeur de s'informer sur les dangers des deepfakes.

« Les contenus générés artificiellement ont d'énormes implications pour la société, en particulier pendant les périodes électorales », déclare-t-elle.