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Ainsi va l’Afrique

Côte d’Ivoire. Le cacao bute sur les nouvelles règles d’entrée au marché européen

Virginijus Sinkevičius au contact des producteurs
Virginijus Sinkevičius au contact des producteurs
Mamadou Ousmanne
08/04/2024 à 14:11 , Mis à jour le 08/04/2024
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Bruxelles veut interdire l'importation de produits issus de zones déboisées. Pour sensibiliser les autorités ivoiriennes à ce sujet, le commissaire de l'Union européenne (UE) à l'Environnement s’est rendu en Côte d’ivoire. Son message n’était pas facile à avaler.

"L'objectif de cette visite est d'assurer une transition douce" pour que "les produits qui arrivent dans l'UE ne contribuent pas à la déforestation ici en Côte d'Ivoire", a déclaré Virginijus Sinkevicius, lors d'une visite à Agboville (sud).

Le Parlement européen a adopté en avril 2023 un texte interdisant l'importation de produits issus de terres qui ont été déboisées après le 31 décembre 2020. Selon l'ambassade de l'UE en Côte d'Ivoire, il devrait être effectif d'ici la fin de l'année.

"L'UE et la Côte d'Ivoire font beaucoup d'échanges commerciaux et nous sommes bien sûr conscients que la nouvelle réglementation aura un impact" sur ce pays, premier producteur mondial de cacao, qui exporte 59% de cette denrée vers l'UE, a déclaré Sinkevicius. Mais concernant la lutte contre la déforestation, "la Côte d'Ivoire a très bien avancé donc je pense sincèrement qu'elle va augmenter les exportations de produits issus de l'agriculture durable", a-t-il ajouté lors d'une visite de plantations de cacao et d'hévéa.

Le texte oblige les pays exportateurs à tracer les produits qu'ils vendent, ce que la Côte d'Ivoire a commencé à faire avec le cacao.

Depuis 2019, l'Etat a identifié près d'un million de planteurs, dont plus de 110.000 ont reçu une carte contenant des données numériques sur leurs productions, selon le Conseil café cacao, l'organisme public ivoirien chargé de la régulation du secteur. 

Présidente d'une coopérative à Agboville, Alida N'Takpé, a cependant "quelques craintes", parmi lesquelles, "la géolocalisation" des producteurs qui demande notamment "de la main d'œuvre" et des moyens pour acheter du matériel.

La Côte d'Ivoire, qui comptait 16 millions d'hectares de forêt dans les années 1960, a vu la superficie fondre de 90%, selon les chiffres officiels, à cause principalement du développement des plantations de cacao.

Le pays s'est engagé à restaurer 20% des terres forestières de son territoire d'ici 2030.

Dans le monde, 90% de la déforestation est due à l'expansion des terres agricoles, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).