La planche à roulettes est illégale dans les rues de Montréal. Considérés comme des criminels, les jeunes sont presque forcés de ranger leur skateboard dans le placard par peur de recevoir une contravention quand ils circulent dans les rues de la métropole.
Heureusement, malgré un Code de la route injuste, ils peuvent pratiquer leur sport dans des parcs et des lieux spécialement aménagés. Car le skateboard ne peut qu’être bénéfique pour les jeunes. J’en suis la preuve vivante.
Une discipline
Le skateboard, c’est beaucoup plus qu’un simple jeu pour amuser les enfants ou qu’un passe-temps pour délinquants. C’est un sport qui demande une discipline et une détermination sans faille.
Après des années de pratique, ça peut aussi devenir un art et une philosophie de vie. Personnellement, j’ai toujours travaillé incroyablement fort pour atteindre les buts que je me fixais sur mon skate. Je voulais toujours m’améliorer, apprendre de nouvelles manœuvres. Je voulais voyager, rencontrer des gens et vivre le style de vie particulier du skate.
J’ai développé mes habiletés. J’ai atteint un calibre de haut niveau. J’ai participé à des épreuves internationales. Pendant six ans, j’ai fait la navette entre le Québec et la Californie, la Mecque mondiale du skate. J’y ai pratiqué mon sport au maximum.
Tel un nomade, je n’avais pas de domicile fixe. Je dormais sur les planchers et fauteuils de mes amis californiens et mangeais du Kraft Dinner sur une base régulière, mais je faisais du skate chaque jour. J’ai vécu ce que je voulais vivre. J’ai découvert le vrai monde du skate.
J’ai vu des photos de moi publiées dans plusieurs magazines et je me suis trouvé des commanditaires qui m’ont beaucoup aidé et qui m’aident encore aujourd’hui. Bref, j’ai accompli des choses dont j’osais à peine rêver quand j’étais plus jeune.
Mon horaire était entièrement planifié en fonction des séances de skate. Je me réveillais en après-midi, j’allais faire du skate jusqu’à tard le soir, je retournais me coucher aux petites heures du matin et recommençais la même chose le lendemain. Mes parents n’aimaient pas toujours ça, mais malgré les blessures et les mauvaises notes à l’école, j’ai poursuivi ma passion.
Une transition
Un jour, j’ai tout de même réalisé que j’étais plus vieux, que je n’encaissais plus aussi bien les impacts, que j’étais un peu essoufflé par les blessures, qui font malheureusement partie du sport.
À un certain point, je me suis demandé si j’allais pouvoir continuer à détruire mon corps comme ça encore longtemps. J’ai réalisé que bientôt, je n’allais plus être capable de suivre.
Je suis alors retourné à l’école, mais cette fois, avec la mentalité que j’ai en tête quand je fais du skate. J’ai décidé de me planifier un avenir plus durable. Aujourd’hui, j’ai 26 ans, j’ai un diplôme universitaire en poche et j’entre sur le marché du travail.
Je fais toujours de la planche. Autant, sinon plus qu’avant, mais de manière plus relaxe. J’ai décidé de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier et j’ai appliqué la persévérance acquise pendant toutes ces années de skate à d’autres domaines.
Mon père se rappelle encore le cadeau qu’il m’a donné pour mes dix ans: une planche. Même s’il n’a toujours pas compris pourquoi son adolescent était tant passionné de skate, il est fier de mon parcours. «Je suis heureux que tu aies passé tant d’heures à pratiquer sur ton skate, ça t’a montré qu’en y mettant l’effort et le temps nécessaire, tu peux faire tout ce que tu veux.»
Non! Les amateurs de skateboard ne sont pas des criminels. Ils ont leur place dans la rue et dans le monde.