En Afrique, les dérèglements climatiques imposent des défis majeurs à relever, beaucoup plus qu’ailleurs. Les pays subsahariens les plus vulnérables sont les plus touchés, même s’ils sont les moins pollueurs.
Aujourd’hui, l'impact croissant du dérèglement climatique en Afrique est désormais scientifiquement prouvé, donc indéniable. La température augmente plus rapidement que la moyenne mondiale, avec un réchauffement d'environ 0,3°C par décennie depuis 1991. Ce phénomène entraîne des changements dans les régimes de précipitations, une élévation du niveau de la mer et une intensification des événements climatiques extrêmes, tels que des sécheresses chroniques, des inondations meurtrières une incessante désertification.
L’exemple du Méthane illustre parfaitement le cercle vicieux qui se met en places à cause du dérèglement climatique. Avec seulement 3% des émissions mondiales de CO₂, l'Afrique contribue significativement aux émissions de méthane Ses émissions représentent 16%. Depuis 2006, la concentration de méthane dans l'atmosphère a fortement augmenté, et les sources d'émissions traditionnelles ne suffisent pas à expliquer cette tendance.
Euan Nisbet, professeur à l'université de Londres, suggère que cette hausse pourrait être liée à la réaction des zones tropicales humides au changement climatique. Les inondations et pluies torrentielles récentes en Afrique ont saturé les surfaces humides, favorisant la décomposition de la matière organique et, par conséquent, la production de méthane.
En 2022, 80 événements climatiques ont été signalés, affectant plus de 110 millions de personnes et causant des dommages économiques estimés à 8,5 milliards de dollars. Les pays les plus vulnérables, surtout ceux au sud du Sahara, sont les plus touchés, malgré leur faible contribution aux émissions de gaz à effet de serre.
Le changement climatique menace également l'agriculture, avec une baisse des rendements due à des températures élevées et à des précipitations irrégulières. Cela impacte la sécurité alimentaire et aggrave la pauvreté, particulièrement dans les zones rurales où l'agriculture est essentielle. D’où la nécessité de mesures d'adaptation pour protéger les systèmes agroalimentaires, en mettant l'accent sur l'importance du maïs, qui représente une part significative des cultures africaines.
Là aussi, prenons un exemple des plus parlants. Le maïs représente presque 15% de la surface récoltée du continent, étant la culture numéro un dans toutes les sous-régions sauf en Afrique du Nord, où il se classe huitième. En Afrique australe, cette culture représente un tiers de l'ensemble de la surface récoltée, bien que la surface dédiée au maïs ait diminué au cours des 20 dernières années, selon la FAO. Sans mesures d'adaptation efficaces, la production régionale de maïs pourrait diminuer de 40% par rapport à la période 1970-2000, ce qui obligerait des régions comme l'Afrique orientale et australe à s'adapter rapidement afin d'améliorer et de garantir la sécurité alimentaire.
Mais cette transformation inévitable des systèmes agroalimentaires africains face au changement climatique nécessite surtout d'identifier les opportunités tout en surmontant les obstacles. Il est donc crucial de promouvoir des technologies modernes d'adaptation et d'atténuation pour garantir une transformation durable. Par ailleurs, un solide système de science, de recherche et de technologie est essentiel pour relever les défis tels que l'amélioration de la productivité, la sécurité alimentaire et l'adaptation aux impacts climatiques.
Toutefois, malgré des progrès en science et technologie, les systèmes de recherche agricole en Afrique n'ont pas évolué au même rythme que les besoins du secteur. Les structures institutionnelles et le financement demeurent largement inchangés, ce qui freine l'innovation. Pour répondre aux défis du changement climatique, une modernisation de ces systèmes est indispensable, notamment en adoptant une approche interdisciplinaire et axée sur la demande. Un écosystème d'innovation dynamique encouragerait des partenariats entre les institutions de recherche et le secteur privé, favorisant ainsi l'amélioration de la production et de la distribution de semences, d'engrais, et de technologies adaptées.