L'envoyé américain au Soudan, Tom Perriello, estime que la solution de la paix repose sur un dialogue impliquant les pays d'Afrique et du Golfe, axé sur l'avenir souhaité par le peuple soudanais.
Tom Perriello, envoyé spécial des États-Unis pour le Soudan, a appelé à une mobilisation accrue pour mettre fin à la violence dans le pays. Alors qu’il s’apprête à quitter ses fonctions en janvier, Perriello a souligné que l’implication des pays africains et du Golfe dans un dialogue orienté vers les aspirations du peuple soudanais est essentielle pour sortir de l’impasse actuelle.
La guerre civile qui oppose les Forces armées soudanaises (SAF) d’Abdel Fattah al Burhan et les Forces de soutien rapide (RSF) de Mohamed Hamdan Dagalo depuis avril 2023 a causé une crise humanitaire majeure. Selon le Sudan Research Group, le conflit aurait fait plus de 60 000 morts, provoqué le déplacement de millions de personnes et déclenché une famine touchant 1,5 million d’individus. Dans certaines régions comme le Darfour, des opérations de nettoyage ethnique exacerbent les tensions entre communautés arabes et minorités africaines, notamment le groupe ethnique Masalit.
Perriello a salué les efforts humanitaires réalisés, notamment par les États-Unis et d’autres acteurs internationaux, pour acheminer des aides via Port-Soudan et d’autres corridors humanitaires. Cependant, il a insisté sur le fait que ces avancées ne suffisent pas à endiguer la catastrophe en cours. « La famine et les atrocités commises sont des choix délibérés des belligérants. Il est impératif que les deux généraux assument leurs responsabilités et cessent les hostilités », a-t-il affirmé.
En dépit des progrès réalisés, notamment une coopération croissante des RSF pour faciliter l’aide humanitaire, le processus politique demeure au point mort. Selon Perriello, un niveau d'engagement supérieur est nécessaire de la part des dirigeants soudanais pour mettre fin au conflit. Il a averti des risques de régionalisation de la guerre, les liens ethniques et les flux de réfugiés alimentant l’instabilité dans les pays voisins comme le Tchad.
Intermédiation "spirituelle"
Pour Perriello, l’implication active des pays africains et du Golfe est cruciale. Il a particulièrement salué les efforts de l’Égypte, qui soutient les SAF tout en œuvrant pour une stabilisation du Soudan. Il a également appelé à une action concertée de la communauté internationale pour faire pression sur les belligérants, notamment par l’adoption de sanctions contre les responsables d’atrocités.
Le rôle de la Russie, qui a opposé son veto à une résolution de cessez-le-feu au Conseil de sécurité, a également été critiqué par l’envoyé spécial. « Ce veto ne sert ni la paix ni les aspirations démocratiques du peuple soudanais », a-t-il déploré, tout en exprimant l’espoir que d’autres initiatives diplomatiques, notamment britanniques, puissent relancer le processus.
Alors que Perriello s’apprête à céder ses fonctions à l’administration Trump, il a exprimé sa confiance quant à la continuité de l’engagement américain au Soudan. « Le soutien des États-Unis au Soudan est bipartisan depuis plusieurs générations. Les démocrates et les républicains s’accordent sur la nécessité d’un engagement pour répondre à la crise humanitaire, dénoncer les crimes de guerre et soutenir les aspirations à une transition civile », a-t-il rappelé.
L'envoyé spécial a conclu en affirmant que, bien qu’il ne puisse prédire la politique de la future administration, il reste à disposition pour contribuer à toute initiative en faveur du Soudan. Selon lui, la stabilité et la paix dans ce pays demeureront une priorité pour Washington.
Cependant, Perriello voit encore un chemin vers la paix, mais avertit que le temps presse. « Un cessez-le-feu durable et des pauses humanitaires pourraient servir de point de départ », a-t-il suggéré, exhortant les acteurs régionaux et internationaux à intensifier leurs efforts. Dans un contexte marqué par des souffrances humaines incommensurables, il a conclu en rappelant que l’avenir du Soudan doit être façonné par les aspirations de son peuple.