Entre la France et le Niger, les autorités nigériennes ont officiellement pris le contrôle opérationnel de Somaïr, la dernière filiale active du groupe français Orano (anciennement Areva) dans le pays. Cette décision marque une escalade dans les tensions qui opposent l’État nigérien à l’entreprise spécialisée dans l’extraction et la transformation de l’uranium.
Orano a confirmé la prise de contrôle par l'Etat nigérien dans un communiqué officiel. «Les décisions prises lors des conseils d'administration de la société ne sont plus appliquées, et Orano confirme aujourd'hui que les autorités nigériennes ont pris le contrôle opérationnel de Somaïr», précise le groupe français. Cette réaction fait suite à plusieurs mois de frictions grandissantes, exacerbées par un différend majeur concernant l’exportation de la production d’uranium.
L’origine de cette rupture remonte au 3 décembre, lorsqu’une réunion du conseil des directeurs de Somaïr a été marquée par le refus catégorique des autorités nigériennes de permettre l’exportation de la production du site. Cette position ferme s’inscrit dans une volonté de réaffirmer la souveraineté nationale sur les ressources stratégiques du pays, un enjeu devenu encore plus pressant dans le contexte politique actuel.
Pour Orano, cette situation représente un coup dur. Fin octobre déjà, le groupe avait annoncé la suspension de sa production sur le site d’Arlit, invoquant des « grandes difficultés financières ». Ce gel des activités, qui concernait la dernière mine opérationnelle du groupe dans le pays, a jeté un froid sur une coopération de plusieurs décennies entre la France et le Niger dans le domaine de l’énergie nucléaire.
Cette prise de contrôle s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu. Depuis le coup d’État militaire de juillet 2023, le Niger a entrepris une réorientation de ses alliances stratégiques, en mettant l’accent sur une gestion plus autonome de ses ressources naturelles. L’uranium, qui constitue l’une des richesses clés du sous-sol nigérien, est au cœur de ces enjeux. Longtemps exploité par des entreprises étrangères, il est désormais perçu comme un levier de souveraineté économique et politique.
En réaction, Orano semble pris dans un étau. Malgré une présence historique au Niger et des investissements considérables dans les infrastructures minières, le groupe se trouve aujourd’hui confronté à une situation inédite, où les règles du jeu sont redéfinies par les autorités locales.