Plus de la moitié des Togolais (54 %) estiment que leur pays servirait mieux ses intérêts en quittant la CEDEAO pour rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ce résultat provient d’un sondage réalisé en novembre 2024 par Afrobarometer auprès de 1200 citoyens, dans un contexte de rapprochement croissant entre Lomé et les trois membres de l’AES.
Plus en détail, il en ressort de ce sondage que les hommes sont plus favorables à cette éventuelle adhésion (57 %) que les femmes (50 %).
L’écart se retrouve aussi entre les zones urbaines (59 %) et rurales (49 %). Par région, le soutien est particulièrement élevé dans la Centrale (74 %), à Lomé Commune (64 %) et dans les Savanes (60 %).
Initialement conçue comme une alliance militaire entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, l’AES s’est constituée en confédération en juillet 2024, quelques mois après le retrait collectif de ses pays membres de la CEDEAO.
Alors que les relations se tendent entre l’AES et certains membres de l’organisation sous-régionale historique, le Togo resserre ses liens avec la nouvelle Alliance.
Le port de Lomé est ainsi devenu un axe de transit stratégique pour les importations du Burkina Faso et du Niger, au détriment du port de Cotonou au Bénin.
De plus, début 2025, le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, a même évoqué publiquement une possible adhésion du pays à l’Alliance.
« Le Togo envisage de rejoindre l’AES, une décision stratégique qui pourrait renforcer la coopération régionale et offrir un accès à la mer aux pays membres », affirmait en mars dernier le chef de la diplomatie togolaise.
Cette adhésion renforcerait effectivement le rôle de hub sous-régional joué déjà par le Togo, aussi bien pour les Etats de la CEDEAO que pour l’AES. Mais cette décision, qui pourrait davantage fragiliser la CEDEAO, placerait Lomé dans une situation encore plus délicate avec les autres membres de l’organisation sous-régionale historique.
Pour 37 % des répondants au sondage d’Afrobarometer, l’AES constitue d’ailleurs un obstacle pour l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest. En attendant une décision officielle, il convient de noter que le Togo pourrait théoriquement intégrer l’AES tout en restant membre de la CEDEAO.
Agence ecofin