Le nombre de personnes déplacées de force ou apatrides en Afrique de l’Ouest et centrale a atteint un niveau record de 12,7 millions, selon les dernières données publiées par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Cette hausse de 48 % par rapport à 2020 est alimentée par les crises persistantes au Soudan, dans le Sahel central et dans le bassin du lac Tchad.
Parmi ces personnes déracinées figurent 8,2 millions de déplacés internes, 2,9 millions de réfugiés et demandeurs d’asile, et près d’un million d’apatrides. Rien que sur le premier trimestre de 2025, plus de 1,1 million de nouveaux déplacements ont été enregistrés, principalement en lien avec la poursuite du conflit au Soudan.
« Les déplacements dans cette région s’intensifient et évoluent face aux conflits et aux chocs climatiques », a déclaré Abdouraouf Gnon-Kondé, directeur régional du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Il a souligné que les femmes et les enfants représentent 80 % des déplacés de force, tout en appelant à soutenir les dynamiques positives de retour observées là où la sécurité le permet.
Le HCR note en effet une reprise des retours de déplacés internes, notamment au Mali (194.200 personnes) et en République centrafricaine (64.700). En comparaison, seuls 11.000 réfugiés sont rentrés dans leur pays d’origine au cours de la même période.
Le Tchad concentre près de la moitié des réfugiés de la région, dont plus de 779 000 Soudanais arrivés depuis avril 2023. Les pressions humanitaires s’accentuent également au Cameroun et en Centrafrique, selon le HCR.
Les principaux foyers de déplacement interne se trouvent au Nigéria, au Burkina Faso et au Cameroun, confrontés à l’insécurité, aux inondations et à la faim. Le HCR alerte sur des risques accrus d’exclusion, notamment en matière d’éducation, de santé et de documents d’état civil.
Sur les routes migratoires vers l’Europe, les arrivées irrégulières aux îles Canaries ont chuté de 34 % en début d’année, mais les risques demeurent élevés : traite, violences et naufrages. En 2024, plus de 10 000 Maliens ont demandé l’asile en Europe, la plupart via cette route.
Face à ces défis, le HCR et ses partenaires intensifient leur réponse dans la région à travers une approche basée sur les itinéraires migratoires (Route-Based Approach), déjà déployée au Mali, au Sénégal et en Mauritanie, et récemment étendue au Niger, au Tchad et au Mali.
Malgré une hausse des réinstallations en 2024 (4 000 départs), le quota régional a été réduit de 64 % en 2025. Le HCR déplore également une baisse de moitié de son budget régional entre 2024 et 2025.
« La région est à un tournant décisif. Avec un soutien adéquat, nous pouvons aider les personnes déracinées à retrouver leur dignité », a conclu Gnon-Kondé.