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Secrets d’État

Patrice Talon à propos de la présidentielle béninoise : « Je ne serai pas inactif » (vidéo)

Patrice Talon
Patrice Talon
Mamadou Ousmanne
28/12/2023 à 20:29 , Mis à jour le 28/12/2023
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L’élection présidentielle est prévue en avril 2026 au Bénin, mais d’ores et déjà le président de ce pays a choisi de tirer les choses au clair. Dans une interview exclusive d’une heure diffusée à la télévision publique béninoise (ORTB), le 23 décembre en soirée, Patrice Talon s'est exprimé sur son départ en 2026, sa succession, et a rejeté les appels insistants de l'opposition à l’amnistie et explique n’en avoir jamais bénéficié.

S'exprimant depuis le Palais de la Marina, Patrice Talon a abordé divers sujets liés à la situation actuelle et future du Bénin. Il a souligné les transformations significatives du pays depuis 2016, mettant en avant les rénovations infrastructurelles et les réformes politiques mises en place.

Trois jours après son discours devant l'Assemblée nationale sur l'état de la nation, le président Talon a abordé diverses questions cruciales à travers une interview enregistrée, diffusée sur la télévision nationale Ortb et d'autres chaînes privées.

Patrice Talon confirme son départ à la fin de son mandat. Interrogé sur la possible candidature d'Olivier Boko en 2026, considéré comme son alter ego, le président a clairement indiqué qu'il ne soutient pas activement ses amis ou sa famille en politique. «Le moment n'est pas encore venu, et je ne suis pas du genre à promouvoir mes amis ou ma famille», a-t-il martelé.  

En ce qui concerne sa succession en 2026, Patrice Talon confirme son départ, mais assuré qu’il ne restera pas inactif concernant le choix du candidat à sa succession. Il a aussi affirmé qu'il n'y aura pas de candidats au Bénin sans casquette partisane. «Ce sont les partis qui vont décider leur candidat, leurs élus vont donner les parrainages. Et il faut souhaiter que ce soit ainsi pour qu'il y ait de l'ordre», a ajouté le président Talon.

Les revendications de l'opposition, notamment en ce qui concerne des Assises nationales et une amnistie pour Reckiath Madougou et Joel Aivo, ont été rejetées de manière catégorique par le président. «Sélectionner 10, 20, 30 personnes dans le pays et dire 'ceux-là, on les amnistie de tout ce qu’ils ont fait, quel que soit ce qu’ils ont fait', ce n’est pas possible.», a-t-il tranché. 

Patrice Talon a profité de l’occasion pour apporter un éclairage inattendu sur l’amnistie dont il aurait bénéficié de la part de son prédécesseur, en 2015. Voici ce qu’il en a dit en substance :  

«J'ai entendu dire ici et là Patrice Talon lui-même a bénéficié du pardon de son prédécesseur et aujourd'hui, il refuse de pardonner à des exilés politiques, à des condamnés politiques. Vous voulez vraiment savoir ? Il est important que les Béninois, le peuple béninois sachent ce qui se passe parfois au sommet de l'Etat, au niveau des responsables à qui ils confient, pour un temps, leur destin commun. 

Je vais demander à mon aîné, au président YAYI Boni, mon prédécesseur, d'accepter que nous ayons des discussions, on va faire ce qu'on appelle en fon « Atchakpodji », sous l’arbre à palabre. Et on va s'asseoir avec certains, puis on va parler. On va faire l'histoire, rappeler les faits qui se sont passés à cette époque, notamment entre lui et moi, mais qui ne sont pas des choses qui concernent vraiment le Bénin parce que ça a été un conflit entre deux personnes. 

Je l'ai rappelé un peu. En 2006, j'ai été ami et le soutien du président Boni Yayi et après on ne s’est pas entendu sur la façon dont le pays fonctionnait, sur la gouvernance du pays et sur la projection politique. Et cela a tellement abîmé nos relations que cela a été l'occasion d'une tragi-comédie avec deux hommes, mais qui a amusé et inquiété le pays. Dieu merci, les choses ne sont pas allées plus loin que ce théâtre qu'il y a eu. Donc je vais vous le dire, moi, personne ne m'a pardonné, de rien du tout. Il y a eu, vous savez, une procédure judiciaire ici contre moi, notamment en ce qui concerne les accusations dont j'ai été l'objet, une fois que je suis parti du pays. Je suis parti du pays parce - je veux ouvrir une brèche, une brèche dans l'histoire, en attendant cette solution de l’arbre à palabre où on va mettre tout ça sur la place publique, devant nos concitoyens pour que les gens comprennent- qu’il y a eu une conférence de presse d’un certain maître Agbo un 8 septembre 2012 je crois bien. Et Maître Agbo aurait dit, parce que je n'ai pas suivi la conférence de presse, j’étais à un dîner, c'était jour anniversaire d'un ami qui m'a invité à un dîner et j'ai appris plus tard qu’à cette conférence de presse, il aurait dit, ce monsieur, que le président Yayi Boni passerait sur les cadavres des Béninois pour un troisième mandat ou pour continuer ce qui se fait et que le pays allait très mal et qu'il fallait qu’au moment opportun, le régime plie ses bagages et que l'on chante autre chose. Et le président d'alors a dit ou a compris ou a décrété ou a imaginé que je suis à la base de cette conférence de presse, que c'est moi qui aurais commandité cette conférence de presse. Le lendemain, il était à Abuja, je vais vous le dire, et a instruit les Services d'Etat, de défense et de sécurité, et pas la Justice d'aller me chercher. Quelqu'un parmi ceux qui ont été instruits, m'a appelé et m'a dit « Monsieur Talon, nous savons que vous êtes de nature casse-cou, téméraire, mais cette fois-ci, c’est sérieux. Nous avons été instruits pour aller vous chercher par tous les moyens, quittez le pays, et ne soyez pas suicidaire ». J'ai informé mon épouse et j'ai dit « Moi, je ne suis pas un fuyard, je vais voir ce qui va se passer ». Mon épouse m’a dit : « Patrice, Debout, hors du pays, tu feras le combat, mais sous terre, non. Alors tu ne feras pas le con ». Parfois, quand certaines personnes parlent, me donnent des recommandations, je suis docile, comme on dit. Je suis parti. Et puis s’en est suivi tout ce que vous savez. Tentative de coup d'état, d'assassinat, d'empoisonnement, et tout le reste. Je vous passe des détails parce qu'on va en parler le jour du « Atchakpodji ».

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