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Ainsi va l’Afrique

Fondation Mo Ibrahim. Financements alternatifs pour l’Afrique

Mo Ibrahim
Mo Ibrahim
Oumaima Bouzmane
23/09/2024 à 13:51 , Mis à jour le 23/09/2024

Selon le rapport de la Fondation Mo Ibrahim, « Financer l'Afrique : où est l'argent ? », le continent africain ne peut continuer à subsister grâce aux financements extérieurs. D’autres solutions existent, encore faut-il qu’elles soient bien utilisées.

Pour atteindre les objectifs de développement et de lutte contre le changement climatique, l’Afrique ne doit compter que sur elle-même, recommande la Fondation Mo Ibrahim dans un rapport dédié à la question du financement dans le continent. Son constat est implacable : l'Aide publique au développement (APD) ne représente que 10% des ressources financières du continent. Et même là, le continent n’est pas maître de ses décisions quant à l’utilisation de cet argent dont l’octroi obéit souvent à des conditionnalités spécifiques. La dette, non plus, ne peut pas être la solution. Et pour cause, les coûts d'endettement et de service ont triplé depuis 2009. La structure même de la dette est devenue de plus en plus complexe, rendant les possibilités traditionnelles de soulagement obsolètes. 

« Nous avons besoin d'un changement complet de paradigme. Il ne s'agit pas pour l'Afrique de continuer à se présenter devant le monde développé avec un bol de mendiant», s’insurge Mo Ibrahim en commentant ces réalités. Se demandant combien les pays développés peuvent promettre de plus, le fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim souligne qu’il s'agit désormais de mobiliser non seulement plus d’argent, mais de «l’argent plus intelligent».

Dans son rapport, riche en données chiffrées et en indicateurs clés, la Fondation Mo Ibrahim estime que la principale source de financement en Afrique pourrait bien être les ressources domestiques, qui, selon l'Union africaine, devraient en moyenne couvrir entre 75% et 90% des besoins de financement de l'Agenda 2063. Le problème est que la plupart de ces ressources semblent être à leur meilleur potentiel ou dormantes, ou trop souvent mal utilisées, note la Fondation qui émet des recommandations à foison à travers son rapport de 165 pages.

Prévenir les fuites à travers les Flux financiers illicites (FFI) pourrait renforcer les ressources de jusqu'à 100 milliards de dollars par an, dépassant à la fois l'APD reçue (81 milliards de dollars par an) et les envois de fonds vers le continent (97 milliards de dollars par an).

Avec un ratio moyen de fiscalité par rapport au PIB en Afrique de seulement 15,6 %, soit la moitié de la moyenne de l'OCDE, le renforcement des systèmes fiscaux semble être une victoire rapide. En effet, l'Afrique a perdu 46 milliards de dollars en impôts sur les sociétés en raison des incitations fiscales en 2019, plus de la moitié de l'APD reçue.

Le rapport met également en lumière le potentiel de la mobilisation des envois de fonds, des fonds souverains, des fonds de pension et des richesses privées. De plus, la monétisation des actifs verts de l'Afrique, y compris la biodiversité, les minéraux critiques et le potentiel de séquestration du carbone, peut débloquer des ressources financières notables, à condition qu'une bonne gouvernance et une allocation des ressources au développement des populations soient assurées.