Salima Naji continue de collectionner les distinctions internationales. La dernière en date est le prix Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française. Portrait express de cette architecte atypique.
Oumaima Bouzmane
Après avoir été faite Chevalière des Arts et des Lettres en 2017, Salima Naji a reçu de nombreux prix d’architecture nationaux et internationaux, y compris le Prix Holcim pour le développement durable, Afrique-Moyen-Orient en 2011, Takrim de l’Ordre des Architectes du Maroc en 2007 et le Prix du Mérite en 2019. Son travail a été aussi reconnu en 2013 dans la shortlist du Prix Aga Khan d’architecture : “Préservation des sites oasiens sacrés et collectifs”. Cette architecte dont le nom est lié depuis longtemps au patrimoine a reçu dernièrement la Grande Médaille d’Or de l’Académie d’architecture française.
Salima Naji a une solide formation académique. Né à Rabat en 1971 d’un père marocain et d’une mère française, elle a effectué ses études supérieures à Paris à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Vilette et à l’École des hautes études en sciences sociales. Sa thèse de doctorat en anthropologie portait ce titre évocateur : « Les entrepôts de la baraka : du grenier collectif à la zawya : réseau du sacré et processus de la patrimonialisation dans l’Atlas et Maroc présaharien ».
Son choix de faire de l’anthropologie sa spécialisation et plus spécifiquement la réhabilitation est né de son premier voyage effectué au Mali en 1995. Depuis, l’Afrique est restée le continent de son inspiration.
C’est dans le monde rural, et plus précisément au Sud marocain où elle est basée depuis 2008, qu’elle a choisi de travailler. Pionnière, elle contribue, à travers ses plaidoyers au Maroc et à l’étranger, à faire évoluer progressivement les pratiques architecturales et le code de l'urbanisme.
Depuis près de 20 ans, elle multiplie les chantiers participatifs autour des architectures collectives sahariennes, ksours et greniers collectifs, afin de mettre en valeur ces ensembles bâtis dans leurs paysages. Parallèlement, elle perfectionne toutes les techniques vernaculaires pour l'architecture contemporaine à vocation sociale (maternités, centres culturels, foyers pour femmes, internats…) afin de proposer un développement durable par, avec et pour les habitants. Le tout avec une fine connaissance des territoires.
Dans son travail architectural atypique, elle utilise principalement des matériaux locaux comme la pierre, l’argile, les fibres végétales, pour des reconstructions modernes et durables. Sa pratique s’accompagne d’une intense activité scientifique. Elle est ainsi investie dans de nombreux programmes de recherche-action internationaux qui interrogent la durabilité et la relation profonde entre les sociétés et leur environnement à travers le prisme de l’architecture. Elle est également membre du comité scientifique du Musée berbère du Jardin Majorelle depuis 2011, et développe une réflexion importante sur la médiation culturelle et la transmission du patrimoine bâti et archéologique. Montrant certaines de ses œuvres de restauration, son site web (salimanaji.org) est en lui-même un véritable musée virtuel.
Salima Naji a aussi une riche bibliographie. Elle a publié de nombreux ouvrages sur l’architecture, dont Le Ksar d’Assa. Sauvegarde d’un port du Maroc saharien en 2013, Greniers collectifs de l’Atlas en 2006, ainsi que Portes du Sud Marocain en 2003. Son dernier livre, publié en 2019, s’intitule Architectures du bien commun. Pour une éthique de la préservation.