tv whatsapp linkedin facebook twitter instagram
Ainsi va l’Afrique

Afrique. Comment les accidents de la route freinent le développement du continent

Les accidents de circulation continuent de décimer bien des vies à travers toute l'Afrique
Les accidents de circulation continuent de décimer bien des vies à travers toute l'Afrique
Dina Bendriss
04/10/2024 à 11:31 , Mis à jour le 04/10/2024

Les statistiques sont alarmantes et témoignent d’une situation tragique. Alors que l’Afrique ne détient que 4% du parc automobile mondial, ce continent a totalisé 620 décès par jour en 2021.

L'Afrique présente le pire bilan en matière de sécurité routière au monde, avec 19,5 morts pour 100.000 habitants, surpassant d'autres régions surpeuplées comme l'Asie du Sud-Est. À titre indicatif, en 2021, environ 225.000 personnes ont été tuées sur les routes africaines, soit environ 620 décès par jour.

Un rapport de l'OMS indique une augmentation de 17% des décès sur les routes africaines entre 2010 et 2021, touchant particulièrement les piétons. Les principales causes de mortalité incluent le non-port du casque, la vitesse, l'alcool, et le non-respect du code de la route. En outre, les infrastructures sont souvent conçues pour les véhicules plutôt que pour la sécurité des piétons.

Les routes africaines sont les premières à être pointées du doigt. Souvent mal conçues, manquant de trottoirs, de signalisation appropriée et de voies piétonnes, en particulier dans les zones urbaines ; elles contribuent à un taux de mortalité piétonne élevé, représentant un tiers des décès, contre 21% au niveau mondial.

L’autre facteur qui explique une telle situation est la nature des véhicules utilisés. Le continent est le principal importateur de véhicules d’occasion, dont beaucoup ont plus de quinze ans et offrent des niveaux de sécurité insuffisants. Au Sénégal, par exemple, le mauvais état des véhicules contribue aux accidents. Cette situation est exacerbée par une application laxiste des lois relatives à la circulation. Malgré des mesures prises après des tragédies, leur mise en œuvre reste insuffisante.

«La sécurité routière devrait être une priorité des gouvernements», insiste Jean Todt. Pour ce représentant de l'ONU pour la sécurité routière, les infrastructures doivent être améliorées d’urgence. Le responsable onusien insiste aussi sur l’adoption des politiques adéquates visant à réduire les comportements à risque sur les routes. Et pour cause, ces accidents ne sont pas sans conséquences sur le développement économique. En moyenne, ils coûtent 4 à 5% du PIB d’un pays. Cet indicateur suffit, à lui seul, pour tirer la sonnette d’alarme. 

Les objectifs de sécurité routière font partie intégrante du programme des ODD (Objectifs de développement durable). Diviser par deux le nombre de morts et de blessés sur les routes d'ici à 2030 figure en haut de la liste. Pour s’en rapprocher, le Cameroun, la République démocratique du Congo et l’Ouganda, entre autres, bénéficient du projet du Fonds des Nations unies pour la sécurité routière sur les véhicules d'occasion plus sûrs.