Le XIXe sommet de la Francophonie, qui s’est déroulé en France les 4 et 5 octobre, en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Le contexte est très particulier et les enjeux considérables.
Les faits sont parlants. Il fut un temps où Paris était bien la ville la plus francophone du monde. Ce n’est plus le cas depuis quelques années déjà. Kinshasa, avec ses quelques 13 millions d’habitants trône désormais à la première place. C’est loin d’être la seule à figurer dans le top 10 des villes les plus francophones du monde. Abidjan, Casablanca, Yaoundé, Bamako, Ouagadougou, et Dakar figurent également au classement.
Deux francophones sur trois vivent sur le continent. À ce rythme, 85% des francophones seront africains à l’horizon 2050. En d’autres termes, le français sera plus parlé sur le continent africain que partout ailleurs. L’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) précise que l’Afrique comptera plus de 90% des jeunes francophones de 15-29 ans.
La francophonie sans la France en Afrique
C’est de cette nouvelle réalité, que le XIX sommet de la francophonie, qui n’avait pas eu lieu en France depuis 33 ans, a bien pris acte en pensant l’avenir de la langue française dans un monde tourmenté. Cet avenir passe par l’élargissement de la carte francophone. Dans ce cadre, l’OIF, qui comptait 88 membres, a accueilli officiellement le Ghana et Chypre comme nouveaux membres, et l’Angola en tant qu’observateur.
Les participants se sont réunis au château de Villers-Cotterêts pour une journée axée sur le numérique et la culture, et se sont retrouvés à Paris pour un dîner cosmopolite à l’Élysée. samedi, les discussions politiques se sont concentrés sur les crises internationales, notamment au Moyen-Orient, avec une attention particulière sur le Liban.
Bien que moins de dirigeants que prévu soient présents, 19 chefs d’État, dont Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagamé du Rwanda ont été de la partie. Ces derniers sont restés sur leur position quant à leur différend bilatéral. Les discussions ont été plutôt axés sur les enjeux globaux pour l'Afrique, en l'absence des États sahéliens, actuellement suspendus de l'OIF, mais qui pourraient y revenir. La récente réintégration de la Guinée est considérée comme un signal positif pour ces pays.
C’est une réalité, le français, pour se renforcer, a besoin de tous les francophones. Surtout que la langue française est en déclin et fait désormais face à de sérieux défis. D’une part, la Francophonie, avec un budget limité, peine à maintenir son influence, et certains membres historiques ont rejoint le Commonwealth. De l’autre, l’organisation doit soigner son déficit d’image. L’OIF est parfois critiquée pour ses ingérences politiques au service de la diplomatie française.
La langue française : un bien commun
Villers-Cotterêts, ville qui accueille l’ouverture du XIXe sommet de la Francophonie, est la terre natale d’Alexandre Dumas. C’est également depuis cette petite localité, située à quelques kilomètres de Paris que François 1er a imposé, au XVIe siècle, l’usage du français à la place du latin. Mais cette langue d’il y a quatre siècles a bien changé. «taxieur», «alphabète»,«boucantier» ou encore «enjailler» ont fait récemment leur rentrée dans les dictionnaires de la langue française. Tous, arrivent tout droit de l’Afrique francophone. Preuve s’il en fallait que le français se nourrit encore aujourd’hui du continent de son avenir.