A quelques jours de la visite officielle au Maroc d’Emmanuel Macron, les relations entre les deux s’annoncent plus prometteuses que jamais. Ce tournant pourrait ouvrir la voie à une coopération multilatérale inédite.
Le soutien clair et sans nuances à la souveraineté marocaine sur ses provinces du sud marquant un tournant décisif dans les relations franco-marocaines. Emmanuel Macron l’a clairement énoncé : « le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine ».
Au-delà de la clarification attendue par Rabat qu’apporte cette position sur le dossier du Sahara Marocain, pour de nombreux experts et observateurs, ce rapprochement ouvre la voie vers le renforcement du partenariat multidimensionnel entre le Maroc et la France. Divers domaines sont concernés, qu’ils soient commerciaux, financiers, industriels ou encore sécuritaires parce que cette confiance retrouvée laisse donc présager une coopération accrue dans la sécurité et les questions militaires, notamment au Sahel.
D’un côté, la France, puissance nucléaire, dispose de sérieux atouts. De l’autre, le Royaume a développé une coopération Sud-Sud solide fort diversifiée. En outre, l’efficacité du Maroc en matière notamment de sécurité et de lutte antiterroriste est exemplaire. En outre, le Maroc partage son expérience et ses ressources pour renforcer la sécurité régionale et soutenir les efforts de stabilisation. Cet engagement est crucial pour contrer les menaces sécuritaires croissantes au niveau continental, notamment le terrorisme transnational et la criminalité organisée. Rabat travaille ainsi en étroite collaboration notamment avec les pays du Sahel pour promouvoir la paix et la sécurité, tout en renforçant les liens multidimensionnels avec les autres pays africains.
La France, elle, a des relations pour le moins complexes avec les pays de la région. Historiquement, Paris a eu une forte présence militaire et économique, notamment en raison de ses anciennes colonies. Depuis les années 2010, l’Hexagone a intensifié ses efforts pour lutter contre le terrorisme et le trafic de drogue dans le Sahel, en menant des opérations militaires conjointes avec les forces locales. Cependant, ces relations sont souvent marquées par des tensions et des critiques. Certains pays du Sahel, comme le Mali, ont forcé au départ la présence militaire française et cherchent à renforcer leur propre capacité de défense. De plus, les interventions militaires françaises ont parfois été perçues comme des ingérences dans les affaires intérieures de ces pays.
Le Royaume jouit d’une très bonne image auprès de ses partenaires continentaux. Il pourrait donc être amené à jouer un rôle de pont et de trait d’union entre la France et certains pays du Sahel, comme l’explique Alain Juillet, l’ancien patron du renseignement au sein de la Direction générale de la sécurité extérieure française (DGSE) en soulignant la pertinence de l'Initiative Royale pour l'Atlantique.
Une coopération entre le Maroc, «devenu incontournable pour des investissements en Afrique» représente donc la quintessence d’un partenariat tripartite porteur pour la France. Car malgré les nombreux défis, la France pourra se «réconcilier» avec des pays qui la boudent actuellement. Pour les pays du Sahel, par exemple, se rapprocher de l’axe Rabat-Paris leur permettrait également de diversifier leurs partenaires. Ce qui n’est pas rien.