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COP29. Principaux enjeux pour le continent africain

COP29-Bakou
COP29-Bakou
Mamadou Ousmanne
13/11/2024 à 09:15 , Mis à jour le 13/11/2024

Confrontée à une vulnérabilité face au changement climatique, l’Afrique se trouve à un carrefour décisif. Les décisions prises lors de la COP29 seront très scrutées pour déterminer l’avenir climatique du continent et sa capacité à faire face aux défis qui l’inquiètent.

L’objectif principal de la 29e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29), qui se déroule à Bakou du 11 au 22 novembre, est d’unir les nations pour prendre des mesures concrètes visant à lutter contre le réchauffement climatique et ses conséquences de plus en plus dramatiques. Dans ce contexte mondial marqué par des températures records et des catastrophes climatiques croissantes, l’Afrique, un continent particulièrement vulnérable, se trouve au cœur des discussions, avec des enjeux spécifiques qui méritent toute l’attention des acteurs internationaux.

L’Afrique, qui subit de plein fouet les effets du changement climatique, est au cœur des débats réunissant plus de 40 000 participants, dont une centaine de chefs d'État et de gouvernement, venus du monde entier. Le continent réclame des financements adaptés à ses besoins spécifiques. 

Pas moins de 1.300 milliards de dollars par an sont nécessaires pour le continent africain pour faire face à cette crise environnementale sans précédent. C’est ce que réclame l’Afrique lors des négociations en cours sur un nouvel objectif financier mondial destiné à soutenir les pays en développement jusqu’en 2030. Pour les pays africains, l’objectif ne doit pas être qu’un simple chiffre politique, mais le reflet de la réalité de leurs besoins pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d’ici la fin du siècle.

Tosi Mpanu Mpanu, négociateur en chef pour la République Démocratique du Congo, exprime clairement cette nécessité : « Nous voulons que cet objectif ne soit plus seulement un chiffre rond qui sonne bien, mais qu’il soit un objectif qui corresponde aux besoins réels des pays en développement ». 

Selon le Groupe des pays africains, entre 1.000 et 1.300 milliards de dollars devraient être mobilisés chaque année pour permettre à l’Afrique de s’adapter aux impacts du changement climatique, d’accélérer la transition vers les énergies renouvelables et de réparer les dégâts déjà causés par des phénomènes climatiques de plus en plus fréquents, tels que les inondations, les sécheresses et les cyclones.

La question de l’accès aux financements reste un enjeu majeur pour l’Afrique. Bien que des sommes conséquentes soient allouées au financement climatique à l’échelle mondiale, le continent africain en reçoit actuellement une part minime. Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique ne capte que 3 % des flux financiers mondiaux destinés au climat. Cette situation est d’autant plus préoccupante pour de nombreux pays africains qui sont déjà lourdement endettés. Le recours aux prêts, souvent à des taux d’intérêt élevés, n’est donc pas une solution viable. L’urgence est de réorienter ces financements sous forme de subventions, afin d’éviter d’alourdir encore davantage la dette des pays les plus vulnérables.

Tosi Mpanu Mpanu souligne cette problématique : « Nous espérons que si ces financements sont mobilisés, ils auront de meilleures modalités de décaissement. L’argent est souvent là, mais nous ne pouvons pas y accéder ». Il est donc important que les mécanismes de financement climatique soient réformés pour permettre aux pays africains de bénéficier réellement de l’aide qui leur est promise. Cette question sera l’un des points de tension principaux lors des négociations de Bakou.

Tensions géopolitiques et coopération Nord-Sud

Les négociations climatiques se déroulent également dans un contexte géopolitique tendu, particulièrement marqué par des divergences entre les pays du Nord et du Sud. Les attentes des pays en développement à l’égard de la COP29 sont élevées, mais elles se heurtent à des obstacles considérables. Parmi ces obstacles, la persistance de conflits armés dans certaines régions du monde, qui affaiblissent la confiance dans le système multilatéral, est particulièrement préoccupante. En outre, la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis nourrit des inquiétudes concernant un possible désengagement des États-Unis des accords climatiques. En tant que climato-sceptique, Trump avait soutenu, lors de son premier mandat, le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les négociations et la mise en œuvre des engagements climatiques.

Les relations entre le Nord et le Sud, notamment en matière de financement climatique, restent un sujet de vives tensions. Les pays développés, historiquement responsables d’une grande partie des émissions de gaz à effet de serre, ont été appelés à fournir 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 pour soutenir les pays en développement dans leur lutte contre le changement climatique. Cependant, cette promesse n’a pas été honorée, alimentant le sentiment d’injustice au sein des pays du Sud. Pour ces derniers, le financement climatique ne représente pas seulement un soutien financier, mais un moyen de réparer une partie de la « dette climatique » historique des pays développés.

L’absence de respect de ces engagements a exacerbé le manque de confiance entre les pays du Nord et du Sud. Les nations africaines, qui sont les premières victimes du réchauffement climatique, considèrent désormais l’accès à un financement adéquat comme un impératif pour leur survie et leur développement durable. En ce sens, les négociations de Bakou sont perçues comme une opportunité de restaurer cette confiance et d’entamer un processus de coopération véritablement équitable.