Le président de la Fédération sud-africaine de football (SAFA), Danny Jordaan, se retrouve au cœur d’un scandale judiciaire. Ancien directeur général du Comité d’organisation de la Coupe du Monde de la FIFA 2010, Jordaan est accusé de fraude et de détournement de fonds pour un montant s’élevant à 1,3 million de rands (environ 71.000 dollars).
Arrêté récemment, Jordaan, qui brigue un quatrième mandat à la tête de la SAFA, a comparu devant le tribunal de Palm Ridge à johannesburg, spécialisé en délits financiers. Cette audience a révélé des accusations graves : entre 2014 et 2018, l’accusé aurait utilisé les ressources de la fédération à des fins personnelles, allant à l’encontre des procédures et sans l’approbation de son conseil d’administration.
Selon les sources locales, notamment le média sud-africain News24, les pratiques présumées de Jordaan impliqueraientune société de sécurité privée qui était en charge d’assurer sa protection personnelle, ainsi qu’une société de relations publiques pour promouvoir son image publique. Ces services, financés par les fonds de la fédération, auraient été engagés sans consultation ni accord préalable des organes décisionnels de la SAFA.
Cette affaire a pris une nouvelle ampleur en mars dernier, lorsque des agents des Hawks, la Direction sud-africaine des enquêtes sur les crimes prioritaires placée sous la tutelle du ministère de la Police, ont mené une perquisition de grande envergure dans les locaux de la SAFA. Cette intervention visait à collecter des preuves sur les accusations de détournement de fonds et d’abus de pouvoir reprochés à Jordaan et à ses coaccusés.
Lors de cette opération qui a duré près de cinq heures, les enquêteurs ont saisi de nombreux éléments matériels, parmi lesquels un ordinateur portable, plusieurs clés USB, des disques durs externes et divers documents non identifiés. Ces éléments pourraient fournir des indices supplémentaires sur l’utilisation des fonds de la SAFA durant les années où Jordaan présidait l’organisation. La saisie de ces éléments matériels marque un tournant dans l’enquête, permettant d’éclaircir les pratiques financières et administratives controversées au sein de la Fédération.
Outre Danny Jordaan, deux autres individus sont impliqués dans cette affaire : Gronie Hluyo, directeur financier de la SAFA, et Trevor Neethling, un journaliste reconverti en homme d’affaires. Ces deux coaccusés sont également soupçonnés de complicité dans la gestion présumée frauduleuse des fonds de la fédération. Comme Jordaan, ils ont été convoqués pour comparaître devant le tribunal de Palm Ridge.
Les observateurs du football sud-africain voient dans cette affaire un défi sans précédent pour la SAFA, dont la réputation a été ternie par ces révélations. Alors que Jordaan tente de défendre son bilan à la tête de l’organisation et de justifier son ambition pour un nouveau mandat, cette affaire soulève des questions quant à l’intégrité de la gouvernance au sein de la Fédération. Pour les membres de la communauté sportive, la priorité est désormais de restaurer la confiance et de veiller à ce que la transparence et la redevabilité soient renforcées dans les instances du football sud-africain.
L’inculpation de Danny Jordaan risque d’avoir des répercussions au-delà de la seule SAFA. En tant que personnalité influente ayant joué un rôle clé dans l’organisation de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud – la première tenue sur le sol africain – Jordaan était jusqu’alors une figure emblématique du sport national. Son implication dans cette affaire de fraude entache toutefois cette image et pourrait porter un coup à la crédibilité du football sud-africain sur la scène internationale.