Le président sud-africain Cyril Ramaphosa cherche par tous les moyens à amadouer le leader de l'Alliance démocratique, John Steenhuisen. D'intenses négociations sont engagées pour éviter que le parti pro-business fasse éclater la fragile coalition gouvernementale.
John Steenhuisen, leader de la Democratic Alliance (DA), peine à se faire entendre au sein de la coalition récemment formée en Afrique du Sud, regroupant dix partis. Désormais ministre de l'Agriculture, il s'appuie sur un cercle restreint de fidèles pour tenter de contrer la domination historique de l'African National Congress (ANC).
Depuis ses débuts en politique dans les années 1990, John Steenhuisen n'a cessé de gravir les échelons. Né au sein de l'Alliance démocratique, un parti historiquement issu des rangs libéraux blancs du parlement de l'apartheid, il défend une alternative de centre-droit à l'ANC, au pouvoir depuis près de trois décennies.
Son engagement en politique remonte à l'âge de 19 ans, motivé par sa frustration face à ce qu'il percevait comme une gestion inefficace du potentiel de l'Afrique du Sud. Bien qu'il se soit inscrit à des études en droit et en sciences politiques, il n'a jamais obtenu son diplôme, ce qui lui a valu des moqueries sur les réseaux sociaux et des critiques de la part de ses opposants politiques. Défendant son parcours non conventionnel. «Je savais dès mon plus jeune âge que je voulais être un représentant public.», se limite-t-il à lancer à ses détracteurs.
Élu conseiller municipal à Durban à seulement 22 ans, il est rapidement devenu l'une des figures montantes de la DA. Toutefois, sa carrière a été entachée en 2010 par un scandale personnel lorsqu'une liaison extraconjugale l'a contraint à démissionner de son poste de chef régional de la DA au KwaZulu-Natal. Malgré cette controverse, sa carrière a survécu, et il a depuis épousé sa compagne de l'époque, Terry Kass Beaumont, avec qui il a trois filles.
En 2011, Steenhuisen entre au Parlement national, où il s'impose progressivement comme l'une des principales voix de l'opposition. En 2019, il devient chef de la DA, un parti longtemps perçu comme défendant les intérêts des minorités blanches, asiatiques et métisses, représentant à elles trois moins de 20 % de la population sud-africaine.
La bête noire de l’ANC
Dans un pays encore profondément marqué par les inégalités raciales, Steenhuisen a adopté des positions controversées sur les politiques de transformation économique initiées par l’ANC. Il critique notamment les quotas raciaux dans le monde du travail, qu’il qualifie de « grossiers » et inefficaces. Cependant, son discours peine à séduire une majorité d’électeurs noirs, souvent plus durement touchés par la pauvreté et les inégalités.
Bien qu’il ait consolidé son autorité en étant réélu à deux reprises avec une large majorité à la tête de la DA, John Steenhuisen reste une figure polarisante. Certains analystes estiment qu’il doit en partie sa position à Helen Zille, ancienne dirigeante influente du parti, qui continue de jouer un rôle clé dans ses décisions stratégiques.
Steenhuisen a intensifié son discours contre l’ANC et les partis d’extrême gauche comme les Combattants pour la liberté économique (EFF). Il met en garde contre une éventuelle alliance entre ces deux formations, qu'il qualifie de « scénario apocalyptique » pour l’Afrique du Sud.