Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, effectuera une visite officielle à Paris au mois de décembre. Pour quoi faire ? Surtout que ce déplacement intervient dans un contexte politique délicat et particulièrement tendu.
L’enjeu principal du déplacement de Umaro Sissoco Embaló serait sans doute de lever les incertitudes et de chercher à expliquer les raisons des décisions controversées prises par le président bissau-guinéen. Le président de la Guinée-Bissau a exprimé à plusieurs reprises son engagement à maintenir l’ordre et la discipline dans son pays. Le 23 octobre dernier, il déclarait : « Nous ne pouvons pas accepter que les gens viennent perturber l’ordre public et la tranquillité de la population, car personne n’a le droit de faire le désordre dans ce pays ». Ces propos faisaient suite à l’interpellation et à l’incarcération de plusieurs responsables de l’opposition qui avaient prévu d’organiser des manifestations dans la capitale, Bissau, le 14 octobre.
L’arrestation de ces opposants a exacerbé un climat déjà tendu, ce qui a incité M. Embaló à réaffirmer sa volonté de maintenir un contrôle strict sur la situation politique et sociale du pays. Cette fermeté, qui a suscité des critiques au niveau national et international, fait partie intégrante de la stratégie d’Embaló pour stabiliser son gouvernement, mais elle alimente également les préoccupations sur la liberté d’expression et les droits politiques en Guinée-Bissau.
Cette visite à Paris s’inscrit donc dans un contexte complexe où le président bissau-guinéen cherche à justifier ses actions tout en consolidant les relations diplomatiques avec la France, un partenaire clé dans le développement de la Guinée-Bissau. Le déplacement à Paris est également l’occasion pour M. Embaló de discuter de l’avenir politique de son pays, notamment des prochaines élections législatives.
En juillet 2024, le président bissau-guinéen avait décrété la tenue de ces élections à cette date, mais a récemment annulé ce décret, en raison des conditions jugées insuffisantes pour la tenue d’un scrutin serein et transparent. Son conseiller politique, Fernando Delfim Da Silva, a ainsi expliqué que les conditions ne sont pas réunies pour que le processus électoral se déroule comme prévu. Un nouveau décret fixant une date révisée sera annoncé dans les prochains mois.
Sur le plan bilatéral, cette visite permet de réaffirmer les engagements pris lors de la rencontre précédente entre les présidents Emmanuel Macron et Umaro Sissoco Embaló, le 20 février 2024, au Palais de l’Élysée. À cette occasion, les deux dirigeants s’étaient félicités de la dynamique de la relation bilatérale, notamment dans le domaine de l’éducation. En particulier, la France soutient la création de l’école internationale française de Bissau, un projet éducatif d’envergure dont l’inauguration est prévue dans les semaines à venir. Ce projet, qui répond à des besoins éducatifs croissants dans la région, symbolise l’approfondissement de la coopération franco-bissau-guinéenne.
En outre, la France a confirmé son soutien à la Guinée-Bissau dans le cadre de sa politique de développement. Comme annoncé en février 2024, la France accorde un appui budgétaire de trois millions d'euros pour soutenir les priorités de développement de la Guinée-Bissau, particulièrement dans les domaines de la santé publique et de la gestion hospitalière. Cette aide permettra de financer, entre autres, l’acquisition de vaccins de routine et de soutenir partiellement le fonctionnement des hôpitaux du pays, qui souffrent depuis plusieurs années d’un manque chronique de ressources.
Cette visite à Paris est donc une opportunité pour le président bissau-guinéen de clarifier ses intentions politiques et de rassurer ses partenaires français quant à la stabilité de son gouvernement, tout en cherchant à obtenir un soutien crucial pour l’avenir de son pays.