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Secrets d’État

Égypte-RDC : une alliance pour contrer Addis-Abeba ?

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Mamadou Ousmane
03/12/2024 à 10:20 , Mis à jour le 03/12/2024

Alors que les tensions autour du Grand Barrage de la Renaissance éthiopien s’amplifient, l’Égypte déploie une offensive diplomatique visant à rallier des alliés africains à sa cause, en premier lieu, le président congolais Félix Tshisekedi.

Le président égyptien Abdel Fattah El-Sisi a intensifié ses efforts auprès du président congolais Félix Tshisekedi, une nouvelle tentative diplomatique visant à renforcer son positionnement dans le dossier controversé du Grand Barrage de la Renaissance éthiopien (GERD). Une rencontre stratégique s’est tenue ce lundi au Caire, réunissant des émissaires de haut rang de la République démocratique du Congo (RDC), ainsi que des figures influentes de l’appareil sécuritaire égyptien. 

Le conseiller spécial de Félix Tshisekedi, Kombo Mondonjo Bola, accompagné de Jack Tshisekedi, conseiller présidentiel en matière de sécurité intérieure, a remis à Abdel Fattah El-Sisi un message personnel du chef d’État congolais. Selon Mohamed El-Shennawy, porte-parole de la présidence égyptienne, ce message réitère l’engagement de la RDC à approfondir ses relations bilatérales avec l’Égypte dans divers domaines stratégiques. 

Lors de cette rencontre, le président El-Sisi a exprimé son enthousiasme quant au renforcement des liens avec Kinshasa, saluant l’évolution positive des relations entre les deux pays. Le chef d’État égyptien a notamment insisté sur la nécessité d’intensifier la coopération dans des secteurs économiques et techniques, en mettant un accent particulier sur la mobilisation des entreprises égyptiennes pour soutenir des projets de développement en RDC. 

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe, marqué par les tensions croissantes autour du GERD. Ce barrage, érigé par l’Éthiopie sur le Nil Bleu, suscite de vives inquiétudes au Caire, qui y voit une menace pour ses ressources en eau. L’Égypte, fortement dépendante du fleuve, poursuit une stratégie de mobilisation de ses alliés africains pour contrer l’influence d’Addis-Abeba. 

En s’adressant à la RDC, un acteur clé du bassin du Congo et influent au sein de l’Union africaine, l’Égypte cherche visiblement à construire un front diplomatique élargi. L’objectif est clair : obtenir le soutien de Félix Tshisekedi dans les négociations sur le GERD, où l’Égypte et le Soudan exigent un accord juridiquement contraignant pour la gestion du barrage. 

Un soutien stratégique mutuel

Au-delà des enjeux liés au Nil, la RDC représente un partenaire stratégique pour l’Égypte. Lors de la réunion, les discussions ont également porté sur les défis sécuritaires et les moyens de promouvoir la stabilité en Afrique. Les émissaires congolais ont salué le rôle actif de l’Égypte dans les efforts de pacification du continent, tout en exprimant leur gratitude pour l’appui technique et économique offert par Le Caire. 

De son côté, Abdel Fattah El-Sisi a tenu à réitérer son soutien aux initiatives congolaises en faveur du développement et de la sécurité, tout en renouvelant son engagement à accompagner la RDC dans ses ambitions économiques. Ce rapprochement témoigne d’une volonté égyptienne d’élargir son influence en Afrique centrale, dans un cadre de partenariat gagnant-gagnant. 

L’activisme diplomatique égyptien vis-à-vis de Kinshasa ne saurait être analysé isolément. Il s’inscrit dans une stratégie plus large visant à rééquilibrer les rapports de force dans la région. Alors qu’Addis-Abeba poursuit inexorablement la mise en œuvre du GERD, l’Égypte multiplie les initiatives pour s’assurer le soutien de ses voisins africains. 

Félix Tshisekedi, de son côté, semble conscient de l’importance de cette alliance. En sa qualité d’ancien président de l’Union africaine, il joue un rôle clé dans les négociations régionales et pourrait représenter un atout précieux pour Le Caire dans sa quête d’un compromis avec Addis-Abeba. 

Cependant, le succès de cette manœuvre reste incertain. Si la RDC a intérêt à renforcer ses liens avec l’Égypte, elle pourrait également hésiter à prendre position dans un conflit diplomatique aussi délicat, de peur de compromettre ses propres relations avec l’Éthiopie.