Lomé, capitale du Togo, a accueilli le premier Sommet de la coopération énergétique en Afrique de l’Ouest (WA-ECS). Cet événement marque une étape pour une région où près de la moitié de la population demeure privée d’électricité.

Organisé sous l’égide du gouvernement togolais, avec le soutien de la Banque mondiale, le sommet réunit décideurs politiques, investisseurs et acteurs du secteur privé autour du thème « Bâtir une souveraineté énergétique pour un développement durable ». La Première ministre togolaise, Victoire Tomégah-Dogbé, a inauguré les travaux en appelant à des partenariats stratégiques pour répondre aux besoins urgents de la région.

Avec un taux d’électrification moyen de seulement 56 %, l’Afrique de l’Ouest accuse un retard alarmant. Dans certains pays, à peine 30 % de la population a accès à l’électricité, contre plus de 70 % en Côte d’Ivoire et au Sénégal. En milieu rural, la situation est encore plus critique : 80 % des habitants vivent sans accès à l’énergie, freinant l’accès à l’éducation, aux soins de santé, et limitant la croissance économique. Selon la Banque mondiale, ces carences coûtent à la région jusqu’à 4 % de son PIB annuel.

Malgré des défis persistants, le potentiel énergétique de la région est considérable. Les ressources hydroélectriques exploitables, estimées à 5 000 MW, ne sont utilisées qu’à hauteur de 20 %. Le solaire et l’éolien, abondants dans les zones sahéliennes, restent encore largement inexploités. Par ailleurs, les récentes découvertes de gisements de gaz naturel au Sénégal, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire offrent des perspectives prometteuses.

Pour répondre à une demande croissante, le plan directeur des infrastructures énergétiques de la CEDEAO (2019-2033) prévoit l’ajout de 16 000 MW de capacité installée et la construction de 23 000 km de lignes d’interconnexion. Depuis 2020, plus de 5 milliards de dollars ont été investis dans des projets structurants, contribuant à une réduction des coûts de production de 30 à 40 % dans plusieurs pays.

Plusieurs initiatives démontrent les avancées en matière de coopération régionale. La ligne d’interconnexion Ghana-Togo-Bénin, longue de 350 km, est désormais opérationnelle. Une autre ligne de 1 303 km relie la Côte d’Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée. Par ailleurs, le gazoduc ouest-africain (678 km), connectant le Nigeria au Ghana, joue un rôle stratégique dans l’intégration énergétique.

Un projet plus ambitieux, le gazoduc Nigeria-Maroc, prévoit de parcourir 6 850 km en traversant 16 pays. Ce corridor gazier pourrait transformer le mix énergétique ouest-africain tout en renforçant les infrastructures de transport d’énergie.

Malgré ces opportunités, la région fait face à des obstacles structurels. La mauvaise gouvernance des entreprises publiques d’électricité freine les échanges transfrontaliers et décourage les investisseurs. Pour pallier ces lacunes, la CEDEAO envisage la création d’un fonds fiduciaire régional visant à garantir les transactions et sécuriser les investissements.

Ce mécanisme s’accompagne de réformes, notamment l’harmonisation des cadres réglementaires, le renforcement des agences nationales de régulation et la mise en place de dispositifs de règlement des litiges.