Adopté par la CEDEAO sous le nom officiel de Gazoduc Afrique Atlantique le projet de gazoduc Nigeria-Maroc incarne une ambition panafricaine : relier 13 pays de la côte atlantique et 3 pays non atlantiques pour répondre aux enjeux énergétiques et industriels de l’Afrique.
Le Gazoduc Afrique Atlantique (PGAA), nouvelle appellation officielle du gazoduc Nigeria-Maroc, symbolise une avancée majeure dans l’intégration énergétique et économique de l’Afrique. Ce projet, porté par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et inscrit dans la stratégie marocaine de l’“Initiative Royale Atlantique”, ambitionne de résoudre les défis liés à la sécurité énergétique tout en stimulant un développement socio-économique durable à l’échelle régionale.
Le 16 décembre dernier, la Conférence de la CEDEAO à Abuja a marqué une étape décisive dans la concrétisation du PGAA. Les États membres ont adopté un accord intergouvernemental définissant les bases juridiques et techniques de ce projet ambitieux. Cette adoption pave la voie à une cérémonie de signature officielle prévue avant juin 2025, confirmant l’engagement collectif des pays participants.
S’étendant sur plus de 5 600 kilomètres, le tracé du gazoduc reliera 13 pays côtiers, tels que le Bénin, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ainsi que des nations non atlantiques comme le Mali et le Burkina Faso. Ce corridor énergétique d’envergure acheminera le gaz naturel abondant du Nigeria vers le Maroc, tout en alimentant les pays traversés, consolidant ainsi leur souveraineté énergétique.
Le PGAA représente bien plus qu’une infrastructure : il s’inscrit dans une stratégie de transformation énergétique et d’industrialisation des économies ouest-africaines. En facilitant l’accès à une énergie propre et abordable, ce projet contribuera à réduire la dépendance aux énergies fossiles importées, tout en électrifiant des zones rurales jusqu’alors marginalisées.
Dans le cadre de l’“Initiative Royale Atlantique”, le Maroc prône une approche inclusive, visant à renforcer la coopération entre les pays africains autour d’objectifs communs. Cette vision se traduit par une volonté de bâtir une résilience énergétique tout en stimulant la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des populations locales.
Des retombées économiques et sociales déterminantes
L’impact économique et social du PGAA promet d’être significatif. Ce projet est appelé à attirer des investissements colossaux, générant des milliers d’emplois directs et indirects dans les secteurs de la construction, de la maintenance et de la gestion des infrastructures énergétiques.
En outre, il vise à moderniser les infrastructures locales tout en favorisant l’électrification des zones rurales. L’accès accru à l’énergie devrait renforcer la compétitivité industrielle des économies concernées, réduisant les coûts de production et stimulant la création de valeur ajoutée locale.
Le financement du PGAA, estimé à plusieurs milliards de dollars, représente un défi de taille. Cependant, des institutions financières internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale ont exprimé leur intérêt. Le recours au secteur privé, aux fonds souverains et aux grandes entreprises pétrolières sera également crucial pour garantir la viabilité économique de ce projet.
La CEDEAO a d’ailleurs lancé un appel aux partenaires au développement et aux investisseurs à participer activement à ce chantier stratégique, qui bénéficiera non seulement aux pays traversés, mais également à l’ensemble du continent africain.
Le Gazoduc Afrique Atlantique ne se limite pas à une dimension purement énergétique. Il incarne une volonté commune des nations africaines de s’unir autour d’un projet structurant et porteur d’avenir. En réduisant les fractures énergétiques et en créant des opportunités économiques et sociales partagées, le PGAA s’inscrit dans une dynamique de coopération et d’intégration.