Le secteur des technologies financières en Afrique s’apprête à franchir une étape décisive. Selon un rapport publié par McKinsey & Company, le chiffre d’affaires des fintech opérant sur le continent pourrait quintupler d’ici 2028. Cette croissance serait portée par la forte démographie africaine, la pénétration accrue du mobile money et des smartphones, et la faiblesse persistante des taux de bancarisation.
Le secteur des fintech en Afrique est en pleine mutation, avec des projections de chiffre d’affaires atteignant 47 milliards de dollars d’ici 2028, contre 10 milliards en 2023. Cette transformation repose sur des facteurs clés tels que la faible bancarisation, l’essor du mobile money, la croissance démographique et l’adoption des smartphones. Cependant, cette expansion dépendra de plusieurs conditions favorables. Un rapport publié par McKinsey & Company, intitulé « Redefining Success: A New Playbook for African Fintech Leaders », explore en détail les perspectives et les défis de ce secteur dynamique.
Le rapport souligne que la croissance du chiffre d’affaires des fintech repose sur l’évolution du taux de pénétration des services financiers numériques. Si celui-ci atteignait 15 % d’ici 2028, à l’image du Kenya, les revenus pourraient quintupler. Une pénétration à 10 %, comparable à celle du Nigeria, réduirait cette projection à 31 milliards de dollars. Dans le scénario le plus pessimiste, avec une pénétration limitée à 8 %, le chiffre d’affaires se limiterait à 25 milliards de dollars.
Le développement du secteur est freiné par plusieurs obstacles. Ces dernières années, les fintech africaines ont dû affronter un ralentissement économique mondial, des taux d’intérêt élevés et la dévaluation des monnaies locales. Ces facteurs ont contribué à une chute des investissements de 37 % en 2023 et de 51 % au premier semestre 2024.
En outre, les difficultés réglementaires et la concurrence sur le marché des talents compliquent davantage la situation. Près de 38 % des développeurs africains travaillent pour des start-up basées hors du continent, tandis que plus de 80 % des dirigeants de fintech rencontrent des obstacles dans le recrutement local.
Des leviers stratégiques pour l’avenir
Malgré ces défis, le potentiel du secteur reste immense. Les fintech africaines peuvent s’appuyer sur des partenariats stratégiques, comme ceux établis entre opérateurs télécoms, banques et entreprises technologiques. Ces collaborations élargissent les services proposés, allant des paiements aux transferts internationaux.
L’innovation est également un moteur essentiel. Le développement de solutions intégrées dans des domaines tels que les terminaux de point de vente ou les portefeuilles électroniques ouvre de nouvelles opportunités. Par ailleurs, les fusions et acquisitions se multiplient, créant des entités plus solides et compétitives.
Certaines fintech diversifient leurs activités en s’intégrant à d’autres secteurs comme l’agriculture, la santé ou la logistique. Cette approche permet de conquérir de nouveaux marchés et d’améliorer leur résilience. Des pays émergents comme l’Angola ou l’Algérie adoptent également des réformes favorables au développement de services fintech.
Actuellement, les fonds de pension africains représentent plus de 600 milliards de dollars d’actifs, dont 500 milliards concentrés en Afrique du Sud et 33 milliards au Nigeria. D’ici 2050, ces actifs pourraient atteindre l’impressionnante somme de 7 300 milliards de dollars. Cette manne financière, encore largement inexploitée, pourrait pourtant jouer un rôle déterminant en attirant les capitaux privés grâce à une réduction des risques perçus. Il en va de même pour les banques publiques de développement du continent, dont les actifs cumulés dépassent 100 milliards de dollars et qui disposent de ressources financières à long terme. Ces institutions pourraient devenir des acteurs clés du financement du développement en Afrique.