Rome accueille, ce lundi 29 janvier, le Sommet «Italie-Afrique» où il est question du «Plan Mattei pour l'Afrique». Il est question dans ce «Plan» de «pont pour une croissance commune».
L’Italie rejoint les pays européens fortement intéressés par l’Afrique. Leur principal souci commun est de stopper les flux migratoires dits irréguliers en essayant de trouver des alternatives viables aux migrants dans les pays émetteurs.
Dans cette perspective, les autorités italiennes ont initié le Sommet «Italie-Afrique». Elles ont mis les petits plats dans les grands en recevant des chefs d’Etat et de gouvernement de divers pays africains.
Sont de la partie le président sénégalais, Macky Sall, celui des Comores ainsi que leurs homologues de la République du Congo, de l'Erythrée, du Ghana, du Kenya, de la Mauritanie, du Mozambique, du Zimbabwe et de la Tunisie, entre autres.
Dans le cadre du Sommet Italie-Afrique, des représentants de plus de 25 pays sont réunis ce lundi au Sénat italien , aux côtés des représentants des agences des Nations unies, ainsi que d'institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU.
Le Maroc Chef du gouvernement est représenté à ce Sommet par son chef de gouvernement. Aziz Akhannouch a été reçu, dimanche soir à Rome, par le Président italien, Sergio Matarella, aux côtés des chefs d’État et de gouvernement participant.
Le thème choisi pour le Sommet en dit long sur les ambitions italiennes : «Un pont pour une croissance commune». Sous ce «slogan», la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a annoncé en toile de fond un important plan d'aide au continent en échange d'une coopération accrue en matière de migrations, une approche «d'égal à égal» qui peine à convaincre ses détracteurs.
Toutefois, l’enjeu majeur de l’évènement est de présenter le «Plan Mattei», du nom d'Enrico Mattei, fondateur de l'Eni (le géant énergétique public italien), qui, dans les années 1950, préconisait un rapport de coopération avec les pays africains, en les aidant à développer leurs ressources naturelles.
Ce plan «peut compter sur une dotation initiale de plus de 5,5 milliards d'euros entre crédits, dons et garanties», a déclaré Mme Meloni en ouvrant la conférence, sans préciser sur combien d'années serait étalé ce montant.
Participant au Sommet, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a souligné que «l'agriculture, les infrastructures, l'environnement, l'énergie, la santé, l'éducation, la digitalisation forment le peloton de tête de nos priorités». Il a cependant également déclaré que «nous aurions souhaité avoir été consultés avant» sur le plan, assurant toutefois que «l'Afrique est disposée à discuter le contenu et les modalités de sa mise en œuvre».
L'Italie, qui préside cette année le G7, s'est engagée à faire du développement de l'Afrique un thème central de son mandat, en partie pour accroître son influence sur un continent où des puissances telles que la Chine, la Russie, la Turquie, l'Inde et le Japon ont accru leur poids politique.
«Il est essentiel de travailler en toute synergie pour mettre à profit les nombreuses ressources naturelles dont dispose l'Afrique pour non seulement développer davantage le continent, renforcer notre partenariat, mais aussi et surtout mettre fin aux flux migratoires souvent meurtriers des Africains», a estimé pour sa part le Comorien Azali Assoumani, président en exercice de l'UA.
Rome espère impliquer tous ces acteurs internationaux dans la mise en place de son plan sur des axes de développement aussi variés que l'éducation, les systèmes de santé ou l'eau. Mais des experts avancent que l'Italie pourrait avoir du mal à obtenir le soutien de l'Union européenne qui a déjà présenté un plan d'aide à l'Afrique de 150 milliards d'euros en 2022.
Pour la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le plan italien «est complémentaire» de celui de l'UE. Une quarantaine d'organisations de la société civile africaine ont dit craindre que l'objectif de ce plan ne soit simplement «d'accroître l'accès de l'Italie au gaz fossile africain au profit de l'Europe et de renforcer le rôle des entreprises italiennes dans l'exploitation des ressources naturelles et humaines de l'Afrique».
A l'échelle des migrations, le plan Mattei prévoit de s'attaquer aux facteurs dits «incitatifs» et de persuader les pays d'origine de signer des accords de réadmission pour les migrants déboutés. Malgré les engagements de la dirigeante italienne à stopper les bateaux en provenance d'Afrique du Nord, les arrivées de migrants en Italie ont fortement augmenté depuis son entrée en fonction, passant de quelque 105.000 migrants en 2022 à près de 158.000 en 2023. Et depuis le début de l'année, prés de 100 migrants sont déjà morts ou portés disparus, a annoncé lundi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).