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Lifestyle

Mode. Bubu Ogisi mondialise le matériau africain

Bubu Ogisi
Bubu Ogisi
Mamadou Ousmanne avec AFP
10/11/2023 à 11:01 , Mis à jour le 10/11/2023
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Bubu Ogisi était l’une des vedettes de la Fashion Week de Lagos, tenu début novembre dernier. Son travail, mêlant histoires africaines et matériaux traditionnels, a mis le matériau africain sous les projecteurs de médias internationaux.

La styliste nigériane Bubu Ogisi est la fondatrice de la marque Iamsigo. Lors de la Fashion Week de Lagos ses mannequins ont défilé vêtus de tenues noires, blanches, ocres, parées de bracelets et de colliers faits à la main. La créatrice a choisi d’appeler sa collection printemps/été 2024 «Shadows» (Ombres), une autre manière pour elle des matériaux africains authentiques.

L’esprit novateur Bubu Ogisi la hisse au rang des plus grandes stylistes du Nigeria. Ce n’est pas par hasard qu’elle a déjà figuré dans le prestigieux magazine Vogue et a été associée à la marque de lingerie Victoria's Secret.

Bubu Ogisi se veut plus chercheuse que designer, et voyage dans toute l'Afrique en quête de matériaux et de techniques traditionnels à incorporer dans les créations de sa marque IAMISIGO.

«Je pense que je continue à poursuivre mon développement et à redimensionner les matériaux sur lesquels je fais des recherches», confie Mme Ogisi à l'AFP lors d'un essayage dans un hôtel de Lagos. «C'est ce que j'aime faire tous les jours».

Le Kenya, le Ghana, la Côte d'Ivoire et son Nigeria natal font partie des pays qui ont inspiré celle qui avait travaillé dans l'industrie pétrolière avant d'étudier la mode à Paris, pour trouver sa patte créative et fonder sa marque.

«Tout ce que je crée, soit c'est assemblé sur place, soit j'apporte tous les éléments magiques ou les ingrédients pour une décoction créée entre le Nigeria et le Kenya», explique-t-elle. «Mais j'aime m'approvisionner dans ces différents endroits, pour tout ce que j'y trouve».

La directrice artistique de la société, Roxane Mbanga, avance qu'il s'agit de faire affleurer du passé les histoires «qui ont été écrasées par la colonisation».

Pionnière de l'artisanat

Lors de la Fashion Week de Lagos, les mannequins, les mains et les visages couverts de henné, ont marché lentement sur un sol recouvert de sciure de bois en passant devant le public assis.

Le défilé s'est largement fait sans climatisation, faute de carburant pour le générateur, un problème logistique que rencontrent beaucoup d'entreprises à Lagos, où le réseau électrique connaît des défaillances.

Mais il est allé à son terme en dépit de la chaleur, accompagné par l'artiste Sheila entonnant des chants rendant hommage aux ombres et aux esprits.

«A mon avis, ce que Bubu représente, d'un point de vue mondial et non seulement africain, c'est que nous avons besoin de comprendre que l'artisanat est au cœur même de la mode», affirme à l'AFP Omoyemi Akerele, le fondateur de la Fashion Week de Lagos.

«Je considère Bubu comme une artiste et comme une espèce de pionnière de l'artisanat, en quelque sorte, vous savez, elle sort de sa zone de confort pour se rendre auprès des populations», ajoute-t-il.

Les industries de la création nigérianes bénéficient d'une reconnaissance de plus en plus large dans le monde : les stars de la musique afrobeats Burna Boy et Sake remplissent les stades et remportent des prix, tandis que les films de Nollywood connaissent le succès sur les plateformes Netflix et Amazon Prime.

Pour Bubu Ogisi, qui a travaillé avec des musiciens et d'autres artistes, la mode nigériane se fond naturellement dans les autres mondes du divertissement.

«On ne peut pas, on ne peut jamais, enlever le style vestimentaire chez les musiciens», dit-elle. «Les réalisateurs ont besoin que leurs films soient aussi étonnants visuellement pour le public, et cela ne peut se faire sans un ensemble de pièces étonnantes pour le corps».