tv whatsapp linkedin facebook twitter instagram
Video

Tchad. Yaya Dillo Djérou «assassiné par l’armée»

Yaya Dillo
Yaya Dillo
01/03/2024 à 12:24 , Mis à jour le 01/03/2024
facebook share twitter share whatsapp share linked-In share

Principal rival du général Mahamat Idriss Déby Itno, Yaya Dillo Djérou a été tué dans le siège de son parti, mercredi 29 février. L'opposition crie à l’assassinat.

Connu pour être l'opposant le plus farouche à son cousin, Mahamat Déby, Yaya Dillo Djérou a «succombé à ses blessures» après avoir «lui-même tiré sur les forces de l'ordre», a affirmé ce jeudi 1er mars le ministre de la communication. Et Abderaman Koulamall d’ajouter : «Retranché au siège de son parti, il (Yaya Dillo) avait refusé de se rendre».

Quatre morts parmi les forces de l'ordre et trois dans le camp de Yaya Dillo, c’est le bilan macabre présenté par le ministre Koulamall au lendemain de l’assaut donnée par l’armée tchadienne, au Parti socialistes sans frontières (PSF). 

Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent la violence de l’assaut. Des tirs nourris s’y font entendre de loin et on peut y voir des trous béants sur la façade du siège du PSF.

"Yaya Dillo est mort assassiné par la Garde républicaine", a déclaré Evariste Gabnon, porte-parole du PSF, l'AFP, accusant directement le corps d'élite de l'armée et garde prétorienne du chef de l'Etat tchadien.

"Ça ne peut être qu'un assassinat programmé", affirme aussi Rakhis Ahmat, chef du Parti pour le Renouveau Démocratique du Tchad (PRDT) dans une déclaration à l’AFP.

Max Kemkoye, porte-parole de la deuxième plate-forme de l'opposition CGAP a également accusé le pouvoir militaire de transition d'avoir fait "assassiner" Y. Dillo.

Il s'agit d'un "crime odieux et inadmissible" a commenté pour l'AFP aussi Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tama, la principale plate-forme de l'opposition et de la société civile.

Selon le gouvernement, l'armée avait assiégé le PSF mercredi parce qu'elle voulait arrêter le chef de file du PSF, accusé d'avoir été l'instigateur d'une "tentative d'assassinat" du président de la Cour suprême dix jours auparavant et d'avoir mené une "attaque" dans la nuit de mardi à mercredi du siège du tout-puissant service du renseignement, l'ANSE, qui a fait "plusieurs morts" selon le ministre Koulamallah.

Y. Dillo, 49 ans, le niait auprès de l'AFP quelques heures avant sa mort accusant en retour la junte et le président de la Cour suprême d'une "mise en scène" destinée à l'écarter de l'élection présidentielle prévue le 6 mai et à laquelle le général Déby ne fait pas mystère de son intention de se présenter.

L'assaut de l'armée mercredi est survenu trois ans, jour pour jour, après une attaque similaire par les militaires du QG de Yaya Dillo et de son parti, le 28 février 2021, dans laquelle sa mère et l'un de ses fils avaient été tués. L'opposant était alors recherché pour avoir "diffamé" l'épouse du maréchal-président Idriss Déby, en l'accusant de détourner massivement de l'argent public.

Alors candidat à la présidentielle contre son oncle Idriss Déby, Y. Dillo avait réussi à fuir à l'étranger mais la Cour suprême avait invalidé sa candidature.

Il était revenu au pays sous la présidence de son cousin Mahamat Déby en assurant "pardonner" les décès de sa mère et son fils. Mais il est vite devenu l'un de ses plus farouches opposants.