Le groupe Holcim cède 83,81% de Lafarge Africa à Huaxin Cement. L'entité dispose d'usines à Ewekoro et Sagamu dans le sud-ouest, à Mfamosing dans le sud et à Ashaka dans le nord-est du Nigeria, soit une capacité de production de ciment de 10,5 millions de tonnes par an.
Le groupe suisse Holcim, leader mondial des matériaux de construction durables, poursuit son désengagement progressif du marché africain. En effet, il a annoncé la vente de sa participation majoritaire de 83,8 % dans Lafarge Africa, acteur clé du marché nigérian, à Huaxin Cement, un géant chinois basé à Wuhan. Cette transaction, évaluée à un milliard de dollars, devrait être finalisée d’ici 2025, sous réserve des autorisations réglementaires nécessaires.
La cession de Lafarge Africa s’inscrit dans une stratégie plus large pour Holcim, qui cherche à rationaliser ses opérations et à concentrer ses efforts sur des marchés jugés stratégiques, notamment l’Amérique du Nord. Cette région, qui représente actuellement 25 % de son chiffre d’affaires, bénéficie d’une forte dynamique grâce au plan d’infrastructures de 1 200 milliards de dollars lancé par l’administration Biden.
Afin de renforcer sa présence outre-Atlantique, Holcim prévoit d’introduire en Bourse ses activités nord-américaines d’ici le premier semestre 2025. En parallèle, le groupe helvétique continue d’investir dans des technologies innovantes, comme en témoigne sa participation, en septembre 2024, dans Sublime Systems, une start-up américaine spécialisée dans les matériaux à faible émission de carbone.
Lafarge Africa reste une figure incontournable du secteur cimentier au Nigeria, deuxième plus grand producteur du pays après Dangote Cement. Malgré les turbulences économiques, l’entreprise a enregistré des performances remarquables. En 2023, son chiffre d’affaires a atteint 405,5 milliards de nairas (environ 240,5 millions de dollars), en hausse de 8,7 % par rapport à l’année précédente, tandis que son bénéfice net progressait de 52,9 %, atteignant 60,1 milliards de nairas.
La tendance s’est poursuivie en 2024, avec un chiffre d’affaires de 479,5 milliards de nairas pour les neuf premiers mois, contre 289,1 milliards sur la même période en 2023. Ces résultats illustrent la résilience de Lafarge Africa dans un marché marqué par des défis tels que la volatilité de la monnaie locale et un cadre réglementaire complexe.
Cependant, les trois principaux acteurs du marché nigérian – Dangote Cement, WAPCO (Lafarge) et BUA Cement – ont dû composer avec des pertes de change importantes, qui ont grimpé de 441 % en glissement annuel en 2023, atteignant un total de 135 milliards de nairas. Malgré ces difficultés, le bénéfice avant impôts combiné des trois entreprises a progressé de 15,28 %, atteignant 478,6 milliards de nairas.
Pour Huaxin Cement, l’acquisition de Lafarge Africa constitue une étape clé dans sa stratégie d’expansion sur le continent africain. Le groupe chinois, qui avait déjà acquis Lafarge Zambia et Lafarge Cement Malawi en 2021, ainsi que Natal Portland Cement Company en Afrique du Sud en 2022, consolide ainsi sa position sur un marché en plein essor.
Avec plus de 200 millions d’habitants, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et l’un des principaux consommateurs de ciment du continent, avec une demande estimée à 30,5 millions de tonnes en 2023. Cette consommation devrait dépasser 50 millions de tonnes par an d’ici 2030, portée par une urbanisation rapide et des besoins croissants en infrastructures.
Selon la Banque africaine de développement, l’Afrique nécessite annuellement entre 130 et 170 milliards de dollars d’investissements en infrastructures. Dans ce contexte, Huaxin Cement entend capitaliser sur la demande régionale, alors que la consommation mondiale de ciment devrait rester stable entre 2024 et 2030, selon la World Cement Association.
Cette acquisition illustre l’intérêt croissant des entreprises chinoises pour les marchés africains, où les opportunités d’investissement abondent dans les secteurs de la construction et des infrastructures. Pour Holcim, cette transaction marque un tournant stratégique, permettant de recentrer ses activités sur des zones à forte croissance tout en poursuivant son ambition d’innovation durable. Quant à Huaxin Cement, le géant chinois consolide son rôle de leader sur un continent au potentiel indéniable, où la demande en matériaux de construction ne cesse de croître.
