Lusaka, la capitale zambienne, devient le théâtre d’une initiative ambitieuse visant à transformer le paysage de la mobilité sur le continent africain. Du 9 au 11 décembre, un atelier stratégique réunit le Maroc, la République démocratique du Congo (RDC) et la Zambie pour poser les bases d’une chaîne de valeur régionale dédiée à la mobilité électrique.
Organisé sous l’égide du Bureau de l’Afrique du Nord de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies, cet événement marque la seconde phase d’un projet visant à moderniser l’industrie automobile africaine. Une feuille de route détaillée et un cadre de partenariat sont en cours d’élaboration, avec la participation de représentants des secteurs public et privé des trois pays, ainsi que d’experts techniques.
Dans une déclaration inaugurale, Crusivia Hichikumba, secrétaire permanent de la Zambie pour l’investissement et l’industrialisation, a salué l’importance de cette coopération trilatérale. « Les complémentarités entre les ressources naturelles et les expertises techniques de nos pays offrent une opportunité unique de bâtir des chaînes de valeur solides pour la production de batteries et de composants essentiels à la mobilité électrique », a-t-elle affirmé.
La RDC, riche en cobalt et en cuivre – deux métaux essentiels à la fabrication des batteries – occupe une position centrale dans ce partenariat. Selon Marie Pascale Diatuka Malanda, de l’Agence congolaise pour la transition écologique, cette initiative pourrait ouvrir la voie à une industrialisation durable et à faible émission de carbone, tout en favorisant le transfert de technologies et le partage de bonnes pratiques.
Pour sa part, le Maroc met à profit son statut de leader du secteur automobile en Afrique. Grâce à ses infrastructures avancées et à son savoir-faire, le royaume joue un rôle clé dans l’assemblage de véhicules électriques. « En unissant nos forces, nous avons le potentiel de devenir un acteur mondial incontournable de la mobilité électrique », a déclaré Idriss Addahbi, haut responsable du ministère marocain de l’Industrie et du Commerce.
Une opportunité pour le continent africain
L’Afrique, qui représente près de 30 % des réserves mondiales de cobalt, de lithium et de cuivre, se positionne comme un acteur clé dans la transition mondiale vers la mobilité électrique. Selon la CEA, l’industrie automobile africaine, estimée à 30,44 milliards de dollars en 2021, pourrait atteindre 42,06 milliards de dollars d’ici 2027, grâce à l’urbanisation rapide et à la demande croissante en véhicules.
Le marché mondial des véhicules électriques, pour sa part, pourrait valoir 46 000 milliards de dollars d’ici 2050. Saisir cette opportunité permettrait à l’Afrique de créer des emplois verts, de renforcer sa résilience économique et de s’aligner sur les objectifs de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
Malgré ce potentiel, des obstacles demeurent. La CEA souligne des infrastructures limitées, un déficit en stations de recharge et des disparités réglementaires entre les pays africains, qui freinent le développement harmonieux de la chaîne de valeur régionale.
Cependant, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) constitue un atout majeur. Elle offre une plateforme propice à l’harmonisation des politiques et à l’intégration régionale, favorisant ainsi une transition fluide vers une mobilité durable.
Au terme de l’atelier de Lusaka, des plans d’action concrets sont attendus pour accélérer la production de batteries, l’assemblage de véhicules électriques et le déploiement des infrastructures nécessaires. L’initiative, portée par une vision commune, ambitionne non seulement de révolutionner l’industrie automobile africaine, mais également de positionner le continent comme un leader mondial de la mobilité électrique, tout en contribuant à la lutte contre les changements climatiques et à la réduction de la dépendance aux énergies fossiles.
Ainsi, l’alliance entre le Maroc, la RDC et la Zambie symbolise une Afrique proactive, prête à relever les défis technologiques et environnementaux de demain.