tv whatsapp linkedin facebook twitter instagram
Conquêtes

CEMAC : Mobilisation générale pour la résilience économique et politique

Les Chefs d’État de la Cémac s’engagent à renforcer la résilience économique
Les Chefs d’État de la Cémac s’engagent à renforcer la résilience économique
Mamadou Ousmane
17/12/2024 à 15:22 , Mis à jour le 19/12/2024

Face à une conjoncture économique mondiale difficile et à une baisse significative des réserves de change, les dirigeants de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) se sont réunis à Yaoundé pour un sommet capital en vue de faire face à la résilience économique et politique de la zone.

Sur le thème « Évaluation de la situation et perspectives économiques, monétaires et financières de la CÉMAC : Mesures de consolidation de la résilience », la  rencontre de Yaoundé a rassemblé les présidents des États membres et leurs représentants pour analyser les défis à court et moyen termes et définir des stratégies pour assurer la stabilité économique et politique de la région.

Selon les données publiées par la Commission de la CÉMAC, les réserves de change, qui avaient atteint un sommet suite aux réformes engagées en 2016, ont chuté de près de 20 % en une année. Cette détérioration s’explique par plusieurs facteurs convergents : une diminution des exportations de matières premières, notamment le pétrole, qui constitue la principale source de devises pour la région, et une pression inflationniste exacerbée par les bouleversements économiques mondiaux. Les conséquences se font ressentir dans l’ensemble des États membres, rendant urgente l’adoption de mesures structurelles.

Autour de la table, les chefs d’État et représentants de la CÉMAC, à savoir Paul Biya (Cameroun), Faustin-Archange Touadéra (République Centrafricaine et président en exercice de la CÉMAC), Obiang Nguema Mbasogo (Guinée Équatoriale), Brice Clotaire Oligui Nguema (Gabon), Anatole Collinet Makosso (Congo, au nom de Denis Sassou-Nguesso) et Tahir Hamid Nguilin (Tchad, au nom de Mahamat Idriss Déby Itno), ont unanimement reconnu la nécessité d’une réforme ambitieuse pour éviter un effondrement économique et financier. Parmi les priorités identifiées figurent la diversification économique, le renforcement de la gestion budgétaire, la mobilisation de financements concessionnels pour réduire l’endettement et l’amélioration des infrastructures sociales de base.

La dépendance historique des États de la CÉMAC aux matières premières, et en particulier au pétrole, a été identifiée comme un obstacle majeur à une économie résiliente et durable. Dans cette perspective, les dirigeants ont annoncé l’organisation en 2025 d’une conférence internationale sur le financement du secteur énergétique. Cet événement vise à attirer des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les infrastructures énergétiques, perçues comme des leviers stratégiques pour une transformation économique régionale. Une transition énergétique réussie pourrait également permettre de diversifier les sources de revenus et de réduire la vulnérabilité face aux fluctuations des cours des matières premières.

Une stratégie pour surmonter la dépendance aux matières premières

Les dirigeants de la CÉMAC ont sollicité un appui renforcé des partenaires techniques et financiers, en particulier du Fonds monétaire international (FMI), pour accompagner leurs efforts de stabilisation et de relance économique. Le soutien du FMI et d’autres bailleurs de fonds internationaux est perçu comme indispensable pour garantir un financement soutenable des réformes et renforcer la capacité des États membres à résister aux chocs externes. Toutefois, cette démarche exige un engagement ferme des États à améliorer la transparence, la gouvernance et la gestion des ressources publiques.

Au-delà des enjeux économiques, le sommet a mis en lumière des défis politiques majeurs. La stabilité de la région reste précaire, marquée par des tensions internes dans plusieurs États membres et par des incertitudes sur la capacité des gouvernements à mettre en œuvre des réformes ambitieuses. Les disparités économiques entre pays, les conflits récurrents et les enjeux de gouvernance minent les efforts d’intégration régionale. Une meilleure coopération intra-régionale et une volonté politique plus affirmée seront essentielles pour relever ces défis.

Le sommet de Yaoundé aura été une occasion cruciale pour les dirigeants de la CÉMAC de réaffirmer leur engagement en faveur de la résilience économique et de l’intégration régionale. Si les initiatives annoncées représentent un pas important, leur mise en œuvre effective et leur impact dépendront de la capacité des États membres à surmonter les obstacles économiques et politiques persistants. Dans un contexte mondial de plus en plus incertain, la CÉMAC doit démontrer sa capacité à transformer ces défis en opportunités pour construire une économie plus inclusive et durable.