La Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), pilier économique du Nigéria, vient de finaliser un prêt de 2 milliards de dollars, une opération stratégique qui reflète les pressions financières croissantes auxquelles fait face la principale économie d'Afrique.
L'initiative du NNPC est la deuxième du genre cette année. Cette fois-ci une discrétion, même si relative, a marqué les pourparlers à l'inverse de la première tentative qui avait suscité des critiques acerbes.
La dépendance financière du Nigéria envers le pétrole est bien connue : les exportations de brut de la NNPC constituent la principale source de revenus de l’État et alimentent l'essentiel des réserves de change. Pourtant, le secteur pétrolier nigérian fait face à des défis majeurs. Les vols sur les oléoducs et un sous-investissement chronique ont provoqué une baisse significative de la production ces dernières années, tandis que le coût élevé des subventions sur l'essence a accentué l'érosion des réserves en devises.
Dans ce contexte économique tendu, le président Bola Tinubu tente d’imposer des réformes structurelles dans le secteur énergétique. Parmi ces mesures figurent l'élimination progressive des subventions sur le carburant et la libéralisation du naira, la monnaie nationale, afin qu’elle s’aligne davantage sur les taux du marché. Toutefois, ces initiatives rencontrent une résistance significative dans un pays où une grande partie de la population est déjà confrontée à une crise du coût de la vie.
Mele Kyari, directeur général de la NNPC, a expliqué que ce nouveau prêt est adossé à une production quotidienne de 30 000 à 35 000 barils de brut. Bien qu'il n'ait pas précisé le montant exact visé, il a assuré que ces fonds seront destinés aux activités commerciales normales de l'entreprise, y compris le soutien à la croissance de la production.
« Nous n'avons aucun problème pour couvrir nos paiements relatifs à l'essence. Ce financement est destiné à nos opérations courantes, et non à une solution de désespération », a affirmé Kyari lors d'une interview accordée à Reuters. « Il s'agit d'une syndication avec des partenaires stratégiques de longue date, qui ont toujours été à nos côtés. »
Cependant, des sources proches du dossier ont indiqué que la situation financière de la NNPC reste fragile, en grande partie en raison de la hausse des coûts liés aux subventions sur le carburant. Ces dépenses croissantes ont entraîné un tarissement des liquidités, rendant ce nouvel emprunt indispensable pour stabiliser les finances de l'entreprise et honorer ses obligations, notamment envers les fournisseurs de carburant.
Malgré les défis, Kyari se montre optimiste et prévoit de conclure l'accord de financement d'ici deux mois. Ce prêt marque une étape cruciale dans les efforts de la NNPC pour maintenir son rôle central dans l'économie nigériane tout en soutenant les réformes ambitieuses du gouvernement Tinubu.
La discrétion entourant cette opération contraste avec la première levée de fonds de l’année, qui avait été fortement critiquée pour son manque de transparence. Cette fois-ci, la NNPC semble avoir adopté une stratégie plus mesurée pour éviter les controverses et rassurer ses partenaires financiers. Cependant, les observateurs restent sceptiques quant à la capacité de la société à surmonter ses problèmes structurels sans une refonte profonde de ses pratiques de gestion.
En définitive, ce prêt de 2 milliards de dollars illustre les défis complexes auxquels le Nigéria est confronté. Alors que le pays cherche à diversifier son économie et à réduire sa dépendance au pétrole, la NNPC demeure un acteur clé pour stabiliser les finances publiques et répondre aux attentes d’une population en quête de solutions concrètes.