En pleine tourmente politique et militaire, la Libye continue de se débattre dans un contexte de divisions profondes entre factions rivales et de pressions internationales. Récemment, le Premier ministre du gouvernement d’unité nationale, Abdul Hamid Dbeibah, a fermement rejeté la présence de toute force ou équipement militaire étranger non autorisé, notamment ceux en provenance de Russie.

Lors du Forum de communication du gouvernement organisé à Tripoli, Abdul Hamid Dbeibah a déclaré que «la Libye ne doit pas devenir une arène pour des conflits internationaux», insistant sur le caractère illégal de toute intervention armée étrangère.

La situation en Libye est marquée par une polarisation persistante entre l’Ouest et l’Est du pays. Tandis que le gouvernement d’unité nationale, reconnu par les Nations unies, contrôle Tripoli et les régions occidentales, l’Est est sous l’emprise de l’Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par le maréchal Khalifa Haftar. Cette rivalité s’est intensifiée avec les rumeurs concernant un possible transfert d’armes et d’équipements militaires russes depuis la Syrie vers l’Est de la Libye. De telles manœuvres suscitent l’inquiétude d’un engrenage menant à une escalade des tensions.

Malgré les multiples tentatives de réconciliation, les divisions internes perdurent, alimentées par des intérêts divergents et des influences étrangères. L’implication de puissances étrangères dans ce conflit ajoute une complexité supplémentaire à la crise. Si certains acteurs internationaux, comme la Russie ou la Turquie, poursuivent leurs propres objectifs stratégiques, d’autres pays cherchent à promouvoir le dialogue et la stabilité.

Le rôle central du Maroc dans la médiation

Dans ce contexte chaotique, le Maroc s’impose comme un acteur majeur de la médiation. Fort de son expérience diplomatique et de sa position neutre dans le conflit, le Royaume a accueilli plusieurs cycles de négociations entre factions libyennes, notamment les pourparlers de Bouznika et de Skhirat. Ces discussions avaient permis, en 2015, de poser les bases de l’Accord politique libyen, un document fondamental qui visait à établir un gouvernement d’unité nationale.

Malheureusement, les résultats obtenus n’ont pas suffi à résoudre durablement les différends. Les défis restent nombreux : définir une feuille de route commune, organiser des élections inclusives et parvenir à une gestion équilibrée des ressources naturelles, notamment le pétrole, souvent source de conflits. Le Maroc, conscient de l’urgence de la situation, continue de plaider pour un dialogue interlibyen et de mobiliser la communauté internationale pour accompagner ce processus.

La question des ingérences étrangères reste épineuse. La Russie, par le biais du groupe paramilitaire Wagner, est accusée de renforcer sa présence dans l’Est libyen, tandis que la Turquie soutient activement le gouvernement d’unité nationale. Ces interventions, bien que présentées comme des partenariats stratégiques, exacerbent les divisions internes et compliquent la recherche d’une solution politique.

La position du Maroc se distingue par sa volonté de maintenir une approche inclusive et impartiale. Les efforts marocains pour réunir les protagonistes libyens s’accompagnent d’une ferme condamnation des interventions militaires étrangères, réaffirmant la nécessité d’une solution libyenne aux problèmes libyens.

Malgré les initiatives de médiation, la route vers une stabilité durable reste semée d’embûches. La Libye, riche en ressources naturelles mais déchirée par les ambitions concurrentes de ses dirigeants et de leurs soutiens internationaux, peine à trouver un consensus. Pourtant, l’espoir d’une réconciliation demeure. Des pays comme le Maroc continuent de jouer un rôle pour rapprocher les factions rivales et promouvoir un avenir de paix et de prospérité pour tous les Libyens.