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Interview

Vidéo - Myriam Uwiragiye Birara : «'The Bride' incite à mieux connaître le Rwanda»

Myriam Uwiragiye Birara
Myriam Uwiragiye Birara
Entretien réalisé par Ibtissam Ouazzani
04/12/2023 à 11:47 , Mis à jour le 04/12/2023
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Myriam Uwiragiye Birara parle de "The Bride". La jeune réalisatrice rwandaise y évoque le phénomène du mariage forcé en racontant, en toile de fond, l’histoire d’une amitié entre deux femmes, montrant que le choc peut se mêler à une certaine poésie. Explications.   

 

Les relations familiales et les attentes sociales jouent un rôle crucial dans «The Bride», dans le contexte d'un mariage forcé. Est-ce que le choix de cette thématique est votre façon d’exprimer votre engagement pour changer les choses ? 

La raison pour laquelle je voulais parler de ce sujet, c'est surtout pour parler des mariages forcés. Ça s'est arrêté il y a environ 25 ans, mais nous vivons toujours avec les victimes de ces mariages forcés et personne n'en parle, comme s'il n'y avait eu aucun péché commis dans leur genèse à un moment donné. Donc, je voulais mettre en lumière cette histoire et la rendre plus connue.

Filmer des scènes de viol est un défi émotionnel pour tout réalisateur. Comment s’est passé le tournage des séquences ultra sensibles avec l'actrice principale ? 

Jusqu'à maintenant, elle ne peut toujours pas voir le film. Lorsqu'elle devait être attrapée dans des scènes, elle avait des bleus sur sa peau. C'est la première fois qu'elle joue, donc ce n'était pas facile, c'était vraiment difficile pour tous les acteurs.

Choquer pour mieux sensibiliser, semble être votre pari. Mais ne craignez-vous pas que le choc pourrait être repoussant pour le public ? 

Je suis consciente que le film peut être difficile à regarder et que certains sujets sont vraiment délicats. Mais le film ne parle pas de ça, il ne s'agit même pas de mariage forcé. Principalement, le film porte sur la connexion entre deux femmes. Je voulais mettre en avant leur amitié en tant que sujet principal du film.

Cet homme n'est pas non plus une mauvaise personne, mais il fait une chose mauvaise parce qu'il est traditionaliste, il pense qu'il va faire renaître sa famille qui a été tuée, mais il a aussi des blessures. C'est difficile à regarder, mais le film a aussi quelques moments légers qui peuvent vous inciter à continuer à regarder et à vous dire "oh, je connais un peu mieux le Rwanda".

Le contexte de votre film se situe quelques années après le génocide contre les Tutsi. Comment cette période historique a-t-elle influencé la trame narrative et les personnages de votre film ? Et comment cette triste partie de votre histoire nationale impacte-t-il toujours le Rwanda ? 

Trois ans après le génocide, c'était vraiment terrible. Les gens avaient encore des blessures, ils étaient toujours sous le choc. À un moment donné, ils ne pouvaient même pas savoir qu'ils avaient des traumatismes, le mot "traumatisme" est même nouveau dans ma langue.

Le génocide est partout, il impacte notre vie quotidienne. Nous nous en souvenons constamment. Nous avons cette période de commémoration en avril chaque année, où nous commémorons le génocide contre les Tutsi. C'est ancré dans notre vie, c'est inévitable.

"The Bride" met en lumière, à travers le problème dont souffre le personnage d’Eva, ce que vous appelez au Rwanda «Gukuna», ou l'étirement des lèvres vaginales. Est-ce que ce phénomène existe toujours  au Rwanda ?  

Les femmes le font juste pour améliorer leur vie sexuelle avec leur partenaire, mais certaines femmes détestent vraiment ça, et d'autres continuent à le faire. Donc, cela dépend de la personne, mais la plupart du temps, la motivation est de rendre l'homme très heureux.