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Interview

Vidéo - Luck Razanajaona: "Je voulais vraiment que ce film soit un coup de poing"

Luck Razanajaona
Luck Razanajaona
Entretien réalisé par Ibtissam Ouazzani
03/12/2023 à 12:24 , Mis à jour le 03/12/2023
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Luck Razanajaona présente, depuis sa genèse jusqu’à sa réalisation, l’idée de son film «DISCO AFRIKA». Un film engagé, qui a été favorablement accueilli au FIFM et que le jeune réalisateur dédie à la jeunesse de son pays, Madagascar.

Comment l'idée de votre film "Disco Afrika" a pris forme ? 

En revenant de l'ESAV à Marrakech en 2011, j'ai commencé à réfléchir sur quel avenir la jeunesse malgache peut avoir dans un pays où, chaque 10 ans, il y a toujours une crise politique.

Donc, j'ai commencé à écrire le personnage de Kwamé qui était un jeune qui n'a pas de diplôme, mais qui est à la recherche de son père. Et l'idée m'est venue comme ça.

Qu'est-ce que ça vous fait de représenter Madagascar dans un festival international ici à Marrakech où votre film est sélectionné dans la compétition officielle du FIFM, surtout tant que vous êtes lauréat de l'ESAV et que vous aviez participé aux Ateliers de l'Atlas l'année dernière ?

Le film est très symbolique par rapport au fait que le dernier film en production internationale qui était dans un festival de film de catégorie était en 1996. Et aujourd'hui, je suis venu représenter un film en coproduction avec  quelques pays. Donc pour moi, un grand honneur et pour mon pays, c'est une opportunité.

Le titre du film suggère une connexion avec le mouvement artistique et musical des années 70. Serait-ce aussi une allusion aux mouvements indépendantistes en Afrique ?

J'avais écrit ce film sur la base de musiques panafricaines qui sont jouées dans le film. Il faut savoir que Madagascar a beaucoup joué dans la lutte pour l'indépendance des pays d'Afrique. On a contribué à ce que Mandela sorte de prison en 91.

J'étais un peu nostalgique de cette époque-là, dans le sens où on avait un moment de grandeur pour Madagascar mais aujourd'hui on est le pays le plus pauvre du monde. Donc je voulais poser un peu ça.

En mettant en scène les mines de saphir clandestines, vous abordez des réalités souvent méconnues par le public international. Pourquoi avez-vous choisi ce contexte particulier ?

Chez nous, il y a beaucoup d'expropriations de terrains, même en plein ville. Et donc, en plus de ça, Rive, l'ami de Kwamé, qui est mort [dans les mines], revient deux fois dans le film en tant que fantôme. On a une tradition qui s'appelle « famadihana » : Chaque trois ans, on déterre les morts et on fait une grande fête. Et donc, je voulais que le fantôme de Rive revienne pour poser des questions à Kwamé, mais qu'il revienne aussi pour être bienveillant avec lui parce que finalement, les morts sont toujours avec nous.

Le personnage de Kwamé, qui n'était pas forcément impliqué dans les problèmes politiques de son pays au début du film, se retrouve confronté à la corruption rampante dans son pays. Comment cela reflète-t-il les enjeux actuels à Madagascar ou dans d'autres contextes africains ? 

Les jeunes ont vraiment tendance actuellement à quitter le pays pour refaire leur vie en Europe ou ailleurs. Et moi, je voulais vraiment que ce film soit un coup de poing, un rappel que c'est à nous de reprendre en main notre pays. Donc, on y va tous, et comme on dit à Madagascar : « Alefa Madagascar ! ».