Du 22 au 27 septembre 2024 s’est tenue la semaine du haut niveau de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette année les échanges ont porté sur le thème « Ne laisser personne de côté : agir ensemble pour la paix, le développement durable et la dignité humaine des générations présentes et futures ». Le Maroc a bien fait entendre la voix de l’Afrique à cette occasion, comme le Royaume le fait dans d’autres instances internationales. Le point avec Yassine El Yattioui, expert en relations internationales et diplomatie, et Secrétaire général du Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation (NejMaroc).
Que retenez-vous de la participation marocaine à la semaine de Haut niveau de la 79e session de l'Assemblée Générale de l'ONU ?
Lors de cette session, le Maroc a pris des positions stratégiques sur plusieurs questions globales. Par exemple, le Royaume a présenté ses initiatives pour lutter contre le changement climatique, soulignant son leadership en matière d’énergies renouvelables, avec des projets comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate, l'un des plus grands au monde. En matière de sécurité, le Maroc a réitéré son engagement dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, illustré par son rôle clé au sein du Forum Mondial de Lutte contre le Terrorisme (GCTF), dont il est co-président. La rencontre entre Nasser Bourita et Vladimir Voronkov pour perpétuer la collaboration étroite du Maroc avec le Bureau des Nations de la lutte contre le terrorisme (ONUCT) mérite d’être soulignée. En somme, la participation du Maroc à cette semaine a bien renforcé sa stature diplomatique internationale.
La dynamique en faveur du Plan d'autonomie sous souveraineté marocaine s'est renforcée à New York. Qu'attend donc l'ONU pour lancer l'ultime résolution pour le Sahara marocain ?
Les meilleures illustrations du soutien croissant au Plan d'autonomie marocain est la reconnaissance de cette initiative par de grandes puissances comme les États-Unis et la France (deux pays membres permanents du Conseil de Sécurité) qui ont officiellement reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara. D’autres pays, comme l’Espagne, l’Allemagne et récemment de nombreux pays de l'Europe du Nord ont exprimé des positions favorables au plan d’autonomie, le considérant comme une solution réaliste et durable. À New York, ces soutiens ont été réitérés, renforçant la dynamique autour de la résolution de cette question dans le cadre de la souveraineté marocaine. La multiplication des consulats ouverts à Dakhla et Laâyoune par des pays africains et arabes est aussi une illustration de cet appui grandissant.
À New York, le Maroc a appelé à prioriser l'Afrique lorsqu'il s'agissait de parler de l'avenir. Quelle analyse faites-vous concernant cet appel ?
Le Maroc a insisté sur le fait que l'Afrique devra être une priorité des politiques mondiales, surtout en matière de transition énergétique et de développement durable. Le Royaume a bien fait entendre la voix de son continent devant la communauté internationale. Cet engagement du Maroc ne date pas d’aujourd’hui et est multiforme. Il a été exprimé notamment à travers la Commission Climat pour la Région du Sahel, présidée par le Maroc, qui a pour objectif d’accélérer la mise en œuvre des projets climatiques dans cette région vulnérable. Le Royaume a également proposé des initiatives pour renforcer l’inclusion financière des jeunes africains et des femmes, par le biais de partenariats comme la Fondation Mohammed VI pour le développement durable, qui a déjà des impacts concrets sur le terrain à travers le continent.
Le Maroc s'est aussi démarqué par l’Initiative internationale lancée par Sa Majesté le Roi pour favoriser l'accès des pays du Sahel à l'Atlantique. Quel écho a eu cette initiative à New York ?
L’initiative pour connecter les pays du Sahel à l'Atlantique, lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, vise à créer un corridor économique et logistique facilitant les échanges commerciaux entre l’intérieur du continent et les ports atlantiques marocains. Un exemple concret est le projet du Port de Dakhla Atlantique, qui est en cours de développement et qui devrait servir de hub pour les échanges commerciaux africains vers l’Europe et les Amériques. Cette initiative a suscité un intérêt particulier à New York, en raison de son potentiel à transformer les économies du Sahel et à faciliter la lutte contre les trafics illicites et l’instabilité dans cette région.
Quel sens donner au "multilatéralisme revitalisé" auquel a appelé le Royaume ?
L’appel du Maroc pour un multilatéralisme revitalisé prend racine dans son expérience diplomatique en tant que membre actif de plusieurs instances internationales. Le Royaume est notamment l’un des premiers contributeurs aux missions de maintien de la paix de l'ONU, en République Centrafricaine comme en République Démocratique du Congo et ailleurs, ce qui illustre son engagement pour la sécurité et la paix mondiale. Le Maroc milite également pour une réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies, afin d’y inclure une représentation plus équitable des pays africains. L'organisation du Sommet Africain pour l’Action Climatique en 2022 à Marrakech est un autre exemple de son rôle moteur dans le renforcement du dialogue multilatéral.