Le parti au pouvoir au Sénégal a remporté une victoire confortable aux élections législatives de dimanche, presque tous les bulletins ayant été dépouillés.
Le Sénégal vit une étape charnière de son histoire politique. Le parti PASTEF, dirigé par le président Bassirou Diomaye Faye, a revendiqué une victoire décisive aux élections législatives du 17 novembre 2024, une avancée qui pourrait transformer l’échiquier politique national. Malgré un dépouillement encore en cours, les principaux partis d’opposition ont reconnu la victoire du PASTEF, consolidant ainsi le pouvoir d’un président élu quelques mois auparavant avec 54 % des voix dès le premier tour.
Ce succès électoral offre au président Faye l’opportunité tant attendue de concrétiser son programme de réformes. Lors de son investiture en avril, le chef de l’État, âgé de 44 ans, avait promis un profond renouveau politique et économique. Cependant, ses ambitions ont été freinées par un Parlement dominé par l’opposition, limitant les capacités d’action de son gouvernement.
Parmi les priorités affichées figurent la lutte contre la corruption, la révision des permis de pêche accordés aux entreprises étrangères, et une répartition plus équitable des ressources naturelles, en faveur de la population sénégalaise. Avec la majorité législative désormais en vue, le président et son gouvernement, sous la direction du Premier ministre Ousmane Sonko, disposent des moyens nécessaires pour mener ces réformes à bien.
Réactions des acteurs politiques
La victoire du PASTEF a été saluée par plusieurs figures de l’opposition. Barthélémy Dias, chef de la coalition SAMM Sa Kaddu, a déclaré : « Je voudrais féliciter le PASTEF, vainqueur des élections ». Toutefois, l’ancien président Macky Sall, dirigeant en exil du groupe Takku Wallu Sénégal, a contesté le scrutin, dénonçant une « fraude massive organisée par le PASTEF ». Aucune preuve concrète n’a été apportée pour étayer ces accusations.
Malgré ces divergences, les observateurs notent que la campagne s’est déroulée dans un climat relativement pacifique, marqué par quelques incidents isolés entre partisans.
La campagne législative a été intense, reflétant les profondes divisions politiques qui traversent le pays. Macky Sall, déjà sous pression pour des actions en justice intentées contre Faye et Sonko sous son régime, a attisé les tensions en appelant à un report de l’élection présidentielle, annulé in extremis par la commission électorale.
Parallèlement, d’autres figures de l’opposition, comme l’ancien Premier ministre Amadou Ba et Barthélémy Dias, maire de Dakar, ont joué un rôle de premier plan, multipliant les attaques verbales contre leurs adversaires politiques.
Le poids du passé et l’espoir d’un avenir meilleur
Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, figures centrales du PASTEF, partagent un passé tumultueux. Tous deux avaient été emprisonnés sous l’ancien régime, des condamnations qu’ils ont toujours qualifiées de persécutions politiques. Leur ascension symbolise un rejet du système politique traditionnel et l’aspiration d’une grande partie des Sénégalais à un changement radical.
Dans le village de pêcheurs de Ndayane, où des électeurs faisaient la queue dès l’aube pour accomplir leur devoir civique, l’espoir d’un avenir meilleur semblait palpable. Les attentes sont immenses, et le nouveau gouvernement devra faire face à des défis considérables, notamment pour apaiser les divisions politiques et répondre aux besoins pressants de la population.
Avec cette victoire aux législatives, Bassirou Diomaye Faye entre dans une nouvelle phase de son mandat. La concentration des pouvoirs entre ses mains soulève toutefois des interrogations sur la capacité du PASTEF à gouverner de manière inclusive dans un pays marqué par des tensions politiques.
Le Sénégal s’engage ainsi dans une période d’incertitude mais aussi d’espoir, où la promesse d’un véritable changement sera mise à l’épreuve par les réalités du pouvoir.