Pays meurtri par une décennie de conflits, les Nations Unies ont décidé de redoubler d’efforts pour remettre la Libye sur la voie des élections nationales. Un comité technique d'experts libyens sera prochainement convoqué, selon une annonce de la cheffe par intérim de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Stéphanie Khoury.
Depuis l'annulation des élections prévues en décembre 2021, le paysage politique libyen reste fragmenté. Les désaccords sur l’éligibilité des principaux candidats ont plongé le pays dans une impasse, freinant tout espoir de stabilisation durable. La Libye, divisée entre factions rivales de l’Est et de l’Ouest depuis 2014, vit sous le joug d’institutions fragmentées et de luttes de pouvoir incessantes.
Le comité d'experts, soutenu par la MANUL, sera chargé d'élaborer des solutions concrètes pour régler les questions litigieuses entourant les lois électorales. Selon Mme Khoury, ce groupe cherchera à proposer des garanties et un calendrier clair pour organiser des élections inclusives et transparentes dans les plus brefs délais. Ces efforts s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à réunifier les institutions militaires et de sécurité, tout en promouvant une réconciliation nationale.
Actuellement, le Gouvernement d’unité nationale (GNU), dirigé par le Premier ministre Abdulhamid al-Dbeibah, reste en place grâce à un accord soutenu par l’ONU en 2021. Cependant, sa légitimité est de plus en plus contestée par le Parlement, qui refuse de le reconnaître. M. Dbeibah a déclaré qu’il ne quittera ses fonctions qu’après la tenue d’élections nationales, accentuant ainsi les tensions avec ses adversaires politiques.
Malgré les déclarations répétées des acteurs politiques en faveur d’élections, une grande partie de la population libyenne demeure sceptique. Beaucoup doutent de la volonté réelle de ces dirigeants de permettre un scrutin susceptible de les déposséder de leurs postes et privilèges. « Les promesses ne suffisent plus. Les Libyens attendent des actes, pas des discours, » confie un analyste politique basé à Tripoli.
La Libye continue de subir les conséquences du soulèvement de 2011, qui avait conduit à la chute de Mouammar Kadhafi avec le soutien de l'OTAN. Depuis, le pays n’a connu que de rares périodes de stabilité. Les divisions internes, exacerbées par les ingérences étrangères, et l’absence d’institutions fortes ont paralysé les efforts de reconstruction nationale.
Pour l’ONU, cette nouvelle initiative représente une opportunité cruciale de relancer un dialogue constructif entre les différents acteurs et de rapprocher des positions encore divergentes. « La MANUL continuera à soutenir les efforts de réconciliation nationale et de réforme institutionnelle pour permettre à la Libye de retrouver la voie de la paix et de la prospérité, » a déclaré Mme Khoury dans une allocution vidéo.
Cependant, les Libyens, éprouvés par des années de conflits et de promesses non tenues, attendent de voir si cette initiative parviendra à transformer les paroles en actions concrètes et tangibles. En attendant, l’avenir de la Libye demeure suspendu à un fil, oscillant entre espoir et incertitude.