La Côte d’Ivoire se prépare à vivre l’une des élections présidentielles les plus charnières de son histoire récente.
En Côte d’Ivoire, la tension est palpable, mais les appels au calme et à la responsabilité se multiplient. La présidente du Sénat, Kandia Camara, a fermement plaidé pour des élections apaisées et exempts de violences, rappelant l’importance de la paix dans ce tournant historique.
Lors de la clôture de la deuxième session ordinaire du Sénat le 19 décembre 2024, Kandia Camara a lancé un vibrant appel à l’ensemble des acteurs politiques et à la population : « La culture de la paix et du vivre ensemble, léguée par le président Félix Houphouët-Boigny, nous invite à aborder ces échéances électorales avec sérénité. Que tout se passe dans un esprit de fair-play et de tolérance mutuelle. » Des propos qui résonnent dans un pays où l’ombre des crises électorales passées plane toujours.
La présidentielle de 2025, prévue en octobre prochain, s’annonce déterminante, tant pour l’avenir politique que pour la stabilité sociale du pays. Elle marque également un tournant générationnel. Pour la première fois, la compétition met aux prises deux dynamiques contrastées : d’une part, des figures emblématiques de la politique ivoirienne issues de l’ère des indépendances, telles que Laurent Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan ou encore Simone Ehivet Gbagbo ; d’autre part, une nouvelle génération d’acteurs politiques aspirant à renouveler la gouvernance, bien que les anciens leaders restent très présents.
Ce scrutin est d’autant plus crucial que le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), historiquement puissant et héritier du président Félix Houphouët-Boigny, n’a pas encore annoncé de candidat officiel. Cette absence de clarté crée une incertitude dans le jeu politique et pourrait réduire les chances de ce parti de peser sur l’issue de l’élection.
Bien que la Côte d’Ivoire bénéficie d’une réputation de havre de stabilité relative, les fractures politiques internes et les souvenirs des crises électorales de 2010 et 2020 rappellent que l’équilibre demeure fragile.
En comparaison, des pays voisins comme le Ghana ont réussi à organiser des élections saluées pour leur transparence et leur pacifisme. Ce contraste met la pression sur la classe politique ivoirienne pour qu’elle réussisse à délivrer un scrutin à la hauteur des attentes nationales et internationales.
Sur le plan interne, les alliances traditionnelles semblent en pleine mutation. L’échiquier politique ivoirien, longtemps polarisé autour de grandes figures historiques, se morcelle sous l’effet de dissensions internes et de stratégies électorales divergentes. Au sein du Front populaire ivoirien (FPI), par exemple, la candidature de Laurent Gbagbo pourrait être contestée par d’autres figures influentes comme Pascal Affi N’Guessan, marquant un clivage persistant. De même, Simone Ehivet Gbagbo, ancienne première dame, pourrait se positionner comme une alternative forte, ajoutant une dose d’incertitude.
Quant au Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, il devra non seulement démontrer sa capacité à maintenir l’ordre, mais aussi à mobiliser un électorat parfois critique envers son bilan. Si le président sortant Alassane Ouattara ne se représente pas, la question de sa succession reste ouverte et pourrait susciter des tensions internes.
Face à ces défis, la société civile ivoirienne joue un rôle crucial. Des organisations locales et internationales se mobilisent pour prévenir tout risque de violence et garantir des élections libres et équitables. Des campagnes de sensibilisation encouragent les citoyens à adopter un comportement pacifique, tandis que des observateurs indépendants se préparent à surveiller le bon déroulement du scrutin.
