Le Mali a un nouveau Premier ministre : le général Abdoulaye Maïga. Sa nomination, annoncée le 21 novembre 2024 marque un tournant dans l’exécutif malien, avec le remplacement de Choguel Kokalla Maïga, un civil qui a fait les frais de tensions avec les autorités militaires.
Âgé de 43 ans, Abdoulaye Maïga gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire. Promu général il y a à peine un mois, lors d’un conseil des ministres qui a élevé cinq colonels à ce grade, il est désormais l’un des principaux piliers du régime de transition dirigé par le président Assimi Goïta, dont il est réputé proche.
Gendarme de formation, le général Maïga détient deux doctorats, l’un en droit et l’autre en management, qui témoignent de sa polyvalence et de sa maîtrise des enjeux stratégiques. Expert en sécurité internationale, gestion des conflits, gouvernance et droits humains, il est également reconnu pour sa capacité à mener des négociations de haut niveau et à organiser des conférences internationales impliquant États, organisations gouvernementales et ONG.
Présent sur la scène gouvernementale depuis 2021, Abdoulaye Maïga a d’abord occupé le poste de ministre de l’Administration territoriale avant d’endosser la fonction de porte-parole du gouvernement. À ce titre, il a joué un rôle clé dans la communication de la junte, adoptant souvent des discours critiques à l’égard des puissances occidentales, en particulier la France, consolidant ainsi son image auprès d’une partie de l’opinion publique malienne.
Son expertise va au-delà des frontières nationales : il a œuvré au sein de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), notamment dans la prévention du terrorisme. Il a également contribué à la réforme de la police congolaise dans le cadre de la mission de l’ONU en République démocratique du Congo (RDC).
Un retour à la primature
Ce n’est pas la première fois qu’Abdoulaye Maïga occupe le poste de Premier ministre. En 2022, il avait déjà assuré l’intérim de Choguel Maïga, alors hospitalisé, démontrant sa capacité à gérer les affaires de l’État en période de crise.
Cependant, sa nomination actuelle revêt une dimension inédite : il devient le premier militaire à occuper de façon permanente cette fonction depuis les coups d’État successifs de 2020 et 2021 qui ont bouleversé l’équilibre politique au Mali.
Le général Maïga hérite d’une fonction stratégique dans un contexte marqué par des défis multiples : insécurité persistante, tensions avec certains partenaires internationaux, et attentes croissantes de la population pour une transition politique réussie. Sa proximité avec Assimi Goïta pourrait faciliter la cohésion au sein du pouvoir, mais elle risque aussi de renforcer les critiques sur la militarisation croissante de l’exécutif.
En nommant Abdoulaye Maïga, le gouvernement de transition semble vouloir s’appuyer sur un homme de confiance, au profil à la fois technique et politique, pour consolider son emprise tout en poursuivant ses ambitions de refondation de l’État malien. Reste à voir si ce pari permettra de répondre aux attentes d’un peuple en quête de stabilité et de souveraineté.
