En Tunisie, les trottoirs, censés être des havres de sécurité pour les piétons, se transforment en pièges impraticables et dangereux. Loin de jouer leur rôle, ces espaces publics, souvent négligés ou accaparés illégalement, symbolisent une défaillance criante dans l’aménagement urbain du pays.
Ce lundi 25 novembre 2024, lors d’une intervention sur une station de radio privée tunisienne, le Colonel Haytham Chaabani, responsable du Centre-Ouest pour la sécurité routière, a livré un constat accablant. Il a évoqué l’état déplorable des trottoirs et leur impact sur la sécurité des citoyens, en particulier des écoliers.
Selon des statistiques récentes publiées par l’Observatoire national de l’éducation, près de 60 % des trottoirs situés aux abords des établissements scolaires sont inadéquats, mal entretenus, ou carrément absents. Cette situation contraint des milliers d’enfants à emprunter des routes dangereuses, augmentant ainsi leur exposition aux accidents de la circulation.
« Les trottoirs devraient être des zones sanctuarisées pour les piétons, surtout pour nos enfants. Mais la réalité est bien différente : ils sont souvent impraticables ou inexistants », a déploré le Colonel Chaabani.
Un rapport de l’Observatoire national de la sécurité routière vient corroborer ce constat inquiétant. Il révèle que la moitié des trottoirs tunisiens sont inutilisables, soit en raison de leur état de délabrement avancé, soit à cause d’occupations illicites. Les pavés arrachés, les trous béants et l’absence d’entretien transforment ces espaces en véritables zones de danger.
En parallèle, l’occupation illégale des trottoirs par des commerçants informels ou des cafés amplifie le problème. Bien que l’État autorise ponctuellement l’exploitation temporaire de certains trottoirs sous des conditions strictes, les abus sont légion. Stands de fruits, étals improvisés et terrasses envahissent ces espaces sans aucun respect des règles de sécurité, forçant souvent les piétons à descendre sur la chaussée.
Pour le Colonel Chaabani, cette anarchie résulte d’un manque de contrôle rigoureux et d’une application insuffisante des réglementations existantes : « L’occupation illégale des trottoirs est une double peine pour les citoyens : elle compromet leur sécurité tout en nuisant à l’esthétique urbaine. »
Les répercussions de cette situation se font sentir dans la vie quotidienne des Tunisiens. Les trottoirs, qui devraient faciliter les déplacements, deviennent des parcours d’obstacles. Les piétons, notamment les personnes âgées, les enfants et les individus à mobilité réduite, se retrouvent contraints de marcher sur les routes, partageant l’espace avec des automobilistes parfois imprudents.
Cette situation est particulièrement alarmante dans les grandes villes où la densité de population exacerbe les conflits entre piétons et véhicules. « C’est un cauchemar permanent de devoir surveiller chaque pas pour éviter de tomber ou de se faire heurter », témoigne Amina, une mère de famille à Tunis.