C’est fait ! Le Niger, le Mali et le Burkina sont passés des paroles à l’acte. Ces trois pays ont créé leur propre Confédération. La CEDEAO a réagi aussitôt à cette nouvelle initiative.
L’Alliance des États du Sahel a donné naissance, depuis samedi 6 juillet, à la «Confédération des États sahéliens». L’acte de naissance a été officialisé lors d’un sommet tenu par les dirigeants du Niger, du Mali et du Burkina à la veille du sommet de la CEDEAO tenu dimanche à Abuja (capitale du Nigeria). Avant de rompre avec la CEDEAO, les trois pays unis désormais en Confédération ont rompu avec la France et précipité le départ des troupes françaises qui étaient stationnées sur leur sol.
Le président nigérien a affirmé samedi que les peuples des trois pays avaient «irrévocablement tourné le dos à la CEDEAO», rejetant les appels du bloc à rentrer dans les rangs. Le général Abdourahamane Tiani a aussi appelé à la création d’«une communauté éloignée de la mainmise des puissances étrangères».
Le retrait des pays du Sahel de la CEDEAO a été alimenté en partie par leur accusation selon laquelle Paris manipulait l'organisation régionale et ne fournissait pas un soutien suffisant aux efforts anti-jihadistes.
Le sommet de dimanche à Abuja intervenait après l'appel de plusieurs présidents ouest-africains à la reprise du dialogue. En réaction, le président du Nigeria, Bola Ahmed Tinubu, a appelé Bassirou Diomaye Faye à endosser le rôle d'«émissaire» auprès du Mali, du Burkina Faso et du Niger, sans donner plus de détails.
«Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO. Ce serait le pire des scénarios et une grande blessure au panafricanisme que les pères fondateurs nous ont légué», a déclaré le président sénégalais, appelant à «engager les réformes idoines pour adapter la CEDEAO aux réalités de son temps».
De son côté, le chef de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a prévenu dimanche que les trois pays risquaient l'«isolement diplomatique et politique» et la perte de millions d'euros en investissements. Leurs ressortissants pourraient également devoir obtenir des visas pour voyager dans la région, a-t-il dit, sans préciser quand la mesure pourrait prendre effet. «La rupture va aussi aggraver l'insécurité régionale et entraver l'établissement d'une force régionale», a ajouté Touray.
«En dehors des nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité ainsi que les défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée aux risques de désintégration», s'est-il alarmé.
La CEDEAO est minée par des dissensions internes. Des informations ayant circulé à la veille du sommet d’Abuja faisaient état d'un désaccord sur la reconduction du président nigérian à la présidence de ce groupement régional. Aux dernières nouvelles, la CEDEAO a annoncé que Bola Ahmed Tinubu allait rester en fonction.